L'état de santé du président sortant, Abdelaziz Bouteflika, qui ne s'est plus exprimé en public depuis le 27 avril 2013, à la suite d'un accident vasculaire cérébral, se serait dégradé. C'est, du moins, ce que soutient la chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya qui dit tenir l'information de son correspondant permanent à Genève, où se trouve le chef de l'Etat depuis le 24 février dernier pour des «examens médicaux périodiques». Selon la même source, «le président Bouteflika ne peut pas prendre l'avion et son transfert programmé vers une autre ville suisse n'aurait pas été possible», sans donner de plus amples détails. L'information, rapportée par la chaîne Al Arabiya, vient quelque peu corroborer les éléments d'un article publié mercredi par La Tribune de Genève (TDG) et consacré à la santé du chef de l'Etat que le quotidien suisse présente comme «précaire». La TDG, se référant au bulletin de santé du président Bouteflika obtenu auprès de l'hôpital, indique que celui-ci serait «sous menace vitale permanente» en raison d'une «atteinte systémique à ses réflexes corporels». D'après La TDG, le problème principal du président Bouteflika est qu'il «présente de hauts risques de faire des fausses routes, c'est-à-dire que des aliments peuvent être dirigés vers ses voies respiratoires, ce qui peut entraîner une infection pulmonaire grave». «Et en trois ans, sa situation s'est dégradée de manière perceptible. D'un état de fragilité, mais permettant une vie à peu près normale, il s'est transformé en patient dont l'état est très précaire et nécessite des soins constants», affirme le quotidien suisse. «Ce trouble est un résultat de l'âge, mais aussi de son attaque cérébrale qui a dégradé ses fonctions neurologiques. Dont celle qui permet au corps d'empêcher l'ingestion d'aliments ou de liquides dans les poumons. Pour se protéger des infections pulmonaires – une cause majeure de mortalité chez les personnes âgées – Abdelaziz Bouteflika subit des cures d'antibiotiques régulières. Il reçoit aussi des soins de physiothérapie respiratoire», ajoute la même source. Le journal suisse affirme également que Bouteflika est atteint d'aphasie, soit de perte partielle du langage. «Il semble réceptif à ce qu'on lui dit, mais on le comprend à peine. Il faut pratiquement lire sur ses lèvres», rapporte La TDG, ajoutant que «son imposante équipe médicale – quatre médecins algériens, dont un cardiologue, un anesthésiste et un interniste – lui sert d'interprète avec le monde extérieur et parle souvent à sa place». La TDG a révélé par ailleurs hier qu'«une ressortissante algérienne a déposé une requête de curatelle en faveur d'Abdelaziz Bouteflika auprès du Tribunal de protection de l'adulte et de l'enfant (TPAE)». La requérante – celle-là même qui a porté plainte à la fin de février auprès de la police vaudoise contre l'entourage du président algérien –, mentionne la même source, «s'est attachée les services d'une avocate genevoise, Saskia Ditisheim, présidente d'Avocats sans frontières Suisse, pour ce faire». Le quotidien suisse indique que dans son mémoire, rédigé hier matin, «l'avocate demande à la justice de nommer un ou plusieurs curateurs qui pourraient délier les médecins de leur secret de fonction à l'égard du président, obtenir une attestation médicale à son sujet et prendre les mesures nécessaires pour la protection de ses intérêts». «Les curateurs pourraient aussi contraindre l'entourage de Abdelaziz Bouteflika à solliciter leur aval avant toute communication officielle», précise La TDG.