L'université des hautes études islamiques, Emir Abdelkader, a domicilié, jeudi, la cérémonie d'ouverture de la Journée du savoir, Youm El Ilm, coincidant avec le 70e anniversaire de la mort du Cheikh Abdelhamid Benbadis (1889-1940), en présence du premier magistrat de la wilaya et des autorités locales. Dans son allocution d'ouverture, le wali, Abdelmalek Boudiaf, a rappelé la nécessité d'encourager les chercheurs à mettre en exergue toutes les figures emblématiques ayant fait la renommée de la région à l'instar de Salah Bey, Ahmed Bey, Massinissa et bien d'autres, et ne pas se contenter d'actions conjoncturelles. « L'émancipation se fait à travers la culture, il faut dépoussiérer l'évènement, prouver qu'on peut faire beaucoup pour l'intérêt général », a-t-il ajouté. De son côté, le Dr Abdallah Boukhalkhal, recteur de cette institution, a donné une conférence sur la vie et le parcours de l'éminent Cheikh Abdelhamid Benbadis, génie novateur ayant tout juste vécu une cinquantaine d'années. Il a fait de la religion, a-t-il souligné, un pôle de rayonnement pour une société en proie à une profonde crise identitaire, face au colonisateur, en se penchant sur tous les domaines susceptibles de construire des citoyens dignes de ce nom, comme la presse et l'éthique, l'instruction de la femme, le rôle de la mosquée, le sport, l'hygiène, la musique, etc., loin des clichés rétrogrades et autres idées reçues sur l'Islam. Clou de l'évènement : le conférencier a ramené des archives d'Aix-en-Provence un film documentaire sur l'inauguration, en 1937, de l'école de Tlemcen, Dar El Hadith, par le Cheikh en présence des membres de l'association des ulémas. Le court-métrage montrait également les obsèques grandioses, le 16 avril 1940, à Constantine, de Abdelhamid Benbadis, où même les femmes, couvertes de la m'laya constantinoise, l'avaient accompagné à sa dernière demeure. A ce propos, certains zélateurs, qui ont par ailleurs boudé l'hymne national au début de la cérémonie en demeurant dans le hall, ont vu d'un mauvais oeil une séquence du film qui montrait le cheikh assistant à un concert de musique andalouse à Tlemcen. En outre, des prix ont été remis aux récitants du Coran et autres auteurs de thèses de théologie. Par ailleurs, la salle d'exposition a abrité des photos anciennes, des exemplaires originaux de journaux dans lesquels écrivaient le Cheikh, à l'exemple d'El bassaïr, El Chihab, Assirat, etc., (certains articles datent des années 1920), des ouvrages sur les ulémas, de la calligraphie, en plus d'une quarantaine de tableaux de l'artiste peintre Mohamed-Chérif Naka représentant la médina, le Vieux Rocher, le costume traditionnel féminin et masculin… « Je veux montrer aux gens toute la beauté de ce patrimoine en déperdition, de cette ville que j'aime ; il faut que ces choses renaissent », dira l'artiste avec nostalgie.