S'annonçant incertaine dans la matinée du fait d'une météo capricieuse, la marche du vendredi dans sa septième édition a finalement drainé, hier en début d'après-midi, beaucoup de monde, une marée humaine inégalable pour signifier que le peuple d'en bas ne baisse pas les bras. Les processions, sans cadre organisationnel, faut-il préciser, n'ont pas manqué d'affluer, dès 14h et jusqu'à 16h, à la place des Martyrs, devenue désormais place forte de cette protestation citoyenne pacifique, jamais vécue dans la ville du martyr Ali Maachi depuis l'indépendance. Ils étaient en effet, hier, des milliers, hommes et femmes, essentiellement des jeunes, à brandir des slogans, dont certains percutants et avec un relent local pour vilipender «les maffias et cette spoliation des fonciers urbain, industriel et agricole», «le système tentaculaire» et ces velléités qu'ont certains clans inféodés au pouvoir central à se recycler, même après le départ du président de la République. D'où ces slogans exigeant «le départ des 3 B». D'autres brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Non aux 4 B». Avec une ingéniosité mêlée d'une certaine fierté d'avoir concouru à chasser Bouteflika, les marcheurs ont évoqué ce fameux article 7 de la Constitution ainsi que le 8 pour demander par ricochet «la dissolution des associations croupions qui servaient de soupape à ce régime tentaculaire», comme cela a été décrier dans l'une des centaines de banderoles déployées. N'était pas beaucoup évoqué le nom de Gaïd Salah, mais entendre dire qu'«ils doivent partir tous» sonne comme une volonté d'en finir avec le système politique dans sa globalité. Sans incident, dans la bonne humeur et la joie, de la marche s'élevaient des slogans lancés à tue-tête comme : «Le peuple a mis du courage et demande des comptes, dégage, dégage», ou encore «Eh oh dégagez el issaba, on deviendra heureux»…