Encore une fois et malgré le froid et la pluie, des centaines de milliers de citoyens se sont mobilisés pour sortir dans la rue et dire tout haut ce qu'ils pensent de ce pouvoir à travers les mots d'ordre habituels, ainsi que les différentes pancartes et autres banderoles, mais également d'autres nouveaux slogans entonnés et affichés en réponse aux dernières tentatives du pouvoir d'infiltrer le mouvement et de le neutraliser. Aussi, hier , ils étaient encore des centaines de milliers de citoyens à défiler à travers les différents boulevards et rues du chef-lieu de wilaya et à crier haut et fort leur refus d'un prolongement du 4e mandat de Bouteflika, en scandant en arabe «La Tamdid, la Taâdjil, Chaâb yatloub errahil » (Ni prolongement, ni report, le peuple réclame votre départ), mais aussi la demande de départ des partis de l'alliance présidentielle qu'on pouvait lire dans une grande banderole «FLN, RND, MPA, TAJ, dégagez !» ou encore cette autre banderole dans laquelle le sigle FLN est barré et sur laquelle il est écrit «3issaba machi baqia, lilmazbala attarikhia» (Aucun clan ne restera, tous à la poubelle de l'Histoire ), d'autres pancartes également symbolisent ce qui se fait actuellement par le pouvoir qui cherche des appuis de l'étranger avec cette banderole «La Rouss, La marikan, al khayen rah ban» ( Ni la Russie, ni les Etats-Unis, le traître est maintenant connu», «Non à une transition guidée par la maffia», alors que du côté slogans qui résonnaient, outre les «Pouvoir Assassin» et autres «Djazair Horra Dimocratia» , «Klitou Leblad Yassarraqin », il y avait d'autres qui sont entonnés pour la première fois comme «Nehi Bouteflika , rwah m3ana» (Enlève Bouteflika, et viens avec nous), «Libérez l'Algérie», «Système dégage», etc. Enfin, d'autres pancartes qui expriment la diversité d'opinions durant ces marches populaires sont également à signaler comme cette pancarte brandie par un enfant de 7 ans qui était en compagnie de son père drapé du drapeau amazigh : «Tous les peuples et tous les drapeaux sont amis ; Pyromane dégage !», «L'Etat n'a jamais été la Patrie», citation célèbre de Matoub Lounès, cette autre banderole écrite en tamazight : «Afus Deg Fus, Adabu ad yehgli » (Main dans la main, le système va tomber) ; et cette autre grande banderole brandie par des jeunes sur laquelle ils ont écrit en arabe «Tasqout al Oligarchia, Tahya Zouafria ; terahlou, yaâni terahlou» (A bas l'oligarchie ; Vive les gens qui souffrent ; dégagez, c'est dégagez !) Enfin, chose nouvelle durant cette marche populaire de ce vendredi, des marcheurs qui sont là chaque vendredi nous ont fait savoir qu' ils se sont donné le mot pour repérer les nouvelles têtes qui viennent des rangs du FLN et du RND afin de les surveiller de près et éviter toute manipulation et autre récupération du mouvement de leur part ; d'autres encore ont évoqué des tentatives d'incrustation des islamistes avec leurs propres slogans, chose qui ne s'est pas produite fort heureusement à Bouira lors de la marche d'hier, et enfin, certains slogans entonnés à l'endroit de faux représentants du mouvement, genre «personne n'est mandaté pour parler au nom du mouvement» et autres «ce n'est pas aux plateaux de télévision de désigner nos interlocuteurs», et «Un seul interlocuteur du mouvement, la rue». En somme, hier et comme les vendredis passés, tous ceux qui sont sortis dans la rue dans un air festif mais déterminé, et avec un haut degré de responsabilité et de civisme, étaient unanimes à souhaiter que les véritables décideurs écoutent enfin ces millions d'Algériens qui réclament le départ définitif de Bouteflika, à la fin de son mandat qui aura lieu le 28 avril prochain, que les responsables politiques qui sont les auteurs de la tragédie dans laquelle patauge le pays soient évacués et disparaissent hors de vue du peuple ; qu'une véritable transition soit décrétée avec de nouvelles têtes intègres et compétentes et jouissant de la confiance du peuple. «Ceux-là existent, il suffit de leur assurer un bon climat politique pour qu'ils répondent favorablement à l'appel de la patrie ; mais avant cela, les véritables décideurs doivent agir au plus vite en cessant de tergiverser et de jouer avec le feu. Bouteflika doit partir et avec lui l'actuel gouvernement et ses ministres connus sur la scène publique et qui incarnent aux yeux du peuple l'Etat de rentier et prédateur contre lequel ils se sont soulevés», dira Madjid, l'un des anciens militants du MCB qui était un certain temps désappointé avant qu'il reprenne espoir à la faveur du mouvement populaire actuel, qui l'a poussé à participer à toutes les actions de rue entreprises ces derrières semaines. Y. Y.