Elle s'appelle Nacera Cherid. Elle a été nommée directrice générale de la Radio algérienne. C'est la première femme nommée à ce poste dans l'histoire de la radio algérienne. Elle replace Chabane Lounakel, qui a fait valoir son droit à la retraite, a-t-on appris auprès de ce média public. Mme Nacera Cherid, qui a exercé en tant que directrice de la Chaîne III depuis début décembre 2018, a gravi les échelons à la radio Chaîne III : journaliste, directrice de l'information, directrice de la chaîne, chef de cabinet au ministère de la Communication, directrice de la communication institutionnelle, puis encore une fois directrice de la Chaîne III. Elle a fait carrière à la radio. La nouvelle directrice générale renforcera-t-elle, comme exigé par les journalistes de la radio, la mission initiale de ce média, le service public ? Il faut dire que depuis le 22 février, les journalistes se battent au quotidien à l'intérieur même de leurs rédactions pour plus d'ouverture et un véritable service public. Ils ont fait plier l'ancienne direction qui avait interdit sans aucun «écrit» de parler du mouvement populaire. Les journalistes ont fini par couvrir les manifestations populaires après le refus de la direction. La vidéo d'une assemblée générale des travailleurs de la radio qui circule sur les réseaux sociaux fait état d'un combat quotidien de cette corporation. Il y a eu, en effet, des tentatives de «censure» et d'interdiction de parler du mouvement populaire. Démarche après démarche, sit-in et rassemblement, la parole s'est libérée pour assurer un meilleur service public. Plusieurs rassemblements ont été tenus devant la radio, où les journalistes ont scandé : «Presse libre et démocratique !». Le premier «message» lancé à la direction du responsable de la radio était fort, car les journalistes n'ont pas trop attendu. Le premier rassemblement s'est tenu le 27 février. Initié à l'appel de la rédaction de l'information de la Chaîne III, le rassemblement a vu la participation des journalistes et techniciens des différentes chaînes. Service public Tous avaient affiché, avant même que la deuxième marche du 1er mars se tienne, leur rejet à la censure et disaient non au traitement «partial de l'information». Ils voulaient simplement «un véritable exercice du service public». Les journalistes présents à ce rassemblement, puis les autres qui ont suivi scandaient plusieurs slogans hostiles à leur direction : «Radio libre et démocratique ; Liberté, Objectivité…». Une mobilisation exemplaire qui s'est traduite par des courriers adressés à l'ancien DG, suivie de plusieurs sit-in et d'une assemblée générale tenue en plein air à l'entrée de la radio. Les journalistes revendiquaient le respect de la déontologie et un véritable service public. Il faut dire que plusieurs personnalités politiques ou de la société civile étaient interdites de s'exprimer sur les ondes des différentes radios nationales ! Aujourd'hui, la nouvelle directrice, «très estimée par ses collègues», est appelée à répondre à leurs exigences qui ont tout de même réussi à «arracher une certaine liberté». Ils restent mobilisés pour l'accomplissement de leur métier sans pression. Ils espèrent que la nouvelle direction répondra favorablement à leurs revendications, surtout que l'ancien directeur général était très contesté par les journalistes.