L'idée est de montrer que les minarets ne doivent pas véhiculer des peurs. La mosquée de Bradford en Grande-Bretagne a remporté face à une cinquantaine de concurrentes le concours « du plus beau minaret d'Europe » décerné hier au Parlement européen à Strasbourg. La mosquée Madni de Bradford, dont les quatre minarets ont été inaugurés l'an dernier, s'est imposée devant les mosquées de Stockholm, Rome, Grenade (Espagne) et Oslo, a précisé l'initiateur du prix, COJEP International, une ONG issue de l'immigration turque en France, partenaire de l'OSCE et du Conseil de l'Europe. Un jury « multiconfessionnel, multiethnique et regroupant des membres de divers horizons » — dont un rabbin, une théologienne protestante suisse, un prêtre de l'Eglise anglicane et des représentants du Conseil de l'Europe — a examiné au total 53 édifices religieux implantés dans 13 pays du continent. Seuls les minarets construits il y a moins de 50 ans ont été retenus : « Nous avons refusé tous les minarets ‘‘historiques'', comme ceux d'Andalousie, de Bosnie ou celui de Paris, car nous voulions que le concours reste lié à l'Islam issu de l'immigration récente », a expliqué un responsable de l'ONG Veysel Filiz. Le jury a décidé en fonction de critères esthétiques, mais aussi de « l'adaptation du minaret au tissu urbain existant ». L'idée du concours était de montrer que « les minarets ne doivent pas véhiculer des peurs ou des préjugés », a ajouté M. Filiz. « Les mosquées doivent sortir des caves, être visibles de loin, car c'est obligatoire pour que l'Islam en Europe fonctionne de manière transparente, que les mosquées soient ouvertes à la société. Si l'Islam se cache dans les caves, on ne peut pas savoir ce qui se dit dans les prêches », a-t-il encore argumenté. L'initiative a été vivement critiquée par des groupes d'extrême droite, notamment sur internet, et a fait l'objet de messages et caricatures injurieux, selon M. Filiz : « Cela montre que notre travail dérange et qu'il va dans le bon sens ».