Le Collectif des professeurs en sciences médicales refuse la version du décès de Fekhar suite à la grève de la faim. Dans une déclaration rendue publique hier, le Collectif des professeurs en sciences médicales a dénoncé la prise en charge médicale, qualifiée de «défaillante», de Kamel Eddine Fekhar. D'autres militants des droits de l'homme et des journalistes ont subi cette situation aux fâcheuses conséquences, comme Mohamed Tamalt. «Prise en charge indigne de collègues censés avoir prêté le serment d'Hippocrate, et manquements graves à l'éthique et la déontologie médicales devant présider à l'encadrement de tout patient», est-il mis en exergue. La même source dénonce la non-application des recommandations de la déclaration de l'AMM (Assemblée médicale mondiale) de Malte, sur les grévistes de la faim adoptée en novembre 1991 à Malte, puis révisée lors des 44e (1992), 57e (2006) et 68e (2017) assemblées médicales mondiales auxquelles l'Algérie a adhéré, qui définit les modalités médicales et éthiques à mettre en œuvre lors d'une grève de la faim qui reste, est-il précisé, «un mouvement de protestation». Un fait grave et inadmissible a été relevé : des véhicules et autocars transportant des milliers d'amis de Kamel Eddine Fekhar, venus nombreux lui rendre un dernier hommage, ont été retenus à Médéa par les barrages érigés par les services de sécurité, pour les empêcher d'assister à son enterrement. Le traitement dont il a fait l'objet de la part des autorités, «aussi bien de son vivant, pendant ses différentes incarcérations, que pendant les cinq jours qui ont suivi son décès», a été inhumain. Ainsi, le Collectif refuse la version de son décès suite à la grève de la faim. Une remarque d'une grande pertinence : «Quand on a trois enfants de l'âge des siens, on ne se laisse pas mourir, on ne se suicide pas. Non, on n'abandonne pas ses enfants en se laissant mourir.» Occupant le terrain politique, le Collectif des professeurs en sciences médicales réaffirme son opposition à l'élection présidentielle du 4 juillet 2019 et sa proposition du maintien de la période de transition avec un présidium, composé de femmes et d'hommes non partisans et «non impliqués dans le régime dictatorial, qui a régné sur le pays depuis 1962 et non pas seulement depuis 1999, à mettre en place dans les meilleurs délais».