L'avocat de Kamel Eddine Fekhar, Salah Dabbouz, a répondu hier à l'administration pénitentiaire, qui assurait que «son client» était «pris en charge» sur le plan médical. Pour l'avocat de Fekhar, le communiqué de la direction générale des prisons reflète «un état d'affolement du pouvoir» qui «essaie de préparer l'opinion publique au pire». Contacté par nos soins, Me Dabbouz — qui rappelle les conditions d'arrestation de Kamel Eddine Fekhar «dans un lieu de prière privé» le 9 juillet 2015 — a considéré que le pouvoir, à travers le communiqué de l'administration pénitentiaire, «est en train de se laver les mains de ce qui pourrait arriver de malheureux à Kamel Eddine Fekhar en jetant la responsabilité sur lui-même, l'accusé, et son avocat, donc moi-même», a dénoncé Me Debbouz qui a assuré qu'il va continuer à «informer l'opinion publique nationale et internationale sur cette affaire». Pour étayer ses propos, l'avocat de Kamel Eddine Fekhar s'est référé au dernier passage du communiqué de la direction générale de l'administration pénitentiaire, selon lequel cette dernière «regrette la position de Me Debbouz Salah, lequel devrait recommander à son client de mettre fin à sa grève de la faim au lieu d'exploiter son état de santé et d'en faire étalage dans les médias». Pour lui, ce communiqué est un «message de refus de toutes les demandes» de son client. «En décodé, ils sont en train de dire à Kamel Eddine Fekhar que vous n'auriez rien du tout et que vous êtes responsable de ce qui vous arrive avec la complicité de votre avocat», a estimé Me Debbouz qui assure que l'état de santé de son client est en nette dégradation et il n'est pas hors du danger. Me Debbouz n'a pas écarté le scénario du journaliste Tamalt, décédé en décembre dernier sur un lit d'hôpital après des mois de grève de la faim. «L'administration pénitentiaire dit que Kamel Eddine Fekhar est pris en charge médicalement et fait l'objet d'un suivi quotidien. Est-ce que la prise en charge médicale est d'être sur un lit d'hôpital ? Je me demande si ce n'est pas un bon accompagnement jusqu'au décès», a souligné Me Debbouz, qui a précisé que Kamel Eddine Fekhar est en grève de la faim pour la quatrième fois depuis le 3 janvier courant. La raison ? Me Debbouz a précisé que son client voulait «protester par le seul moyen pacifique qui lui est possible en prison : son corps. Il a pris cette décision parce qu'il est convaincu que son arrestation a été décidée politiquement par les plus hautes autorités et qu'il n'y avait aucune preuve tangible des accusations retenues par le procureur de la République contre lui». «Kamel Eddine Fekhar a saisi le procureur par le biais d'une lettre, dans laquelle il a expliqué clairement les raisons de sa grève de la faim. Il s'est élevé contre l'instruction à charge, alors qu'il a déposé des plaintes qui n'ont connu aucune suite, notamment après les déclarations de Saadani et de Ouyahia sur les commanditaires des événements de Ghardaïa», a souligné Me Debbouz, qui s'est interrogé sur le non-traitement des requêtes de son client par la justice. Selon son avocat, Kamel Eddine Fekhar subit une détention arbitraire : «L'article 123 du code de procédure pénale assure que le prévenu doit rester libre durant l'instruction. Et dans l'article 123 bis, il est précisé que l'accusé ne peut être détenu que si les faits sont constatés et graves. Ce qui n'est pas le cas de Kamel Eddine Fekhar, dont les faits ne sont même pas constatés.» Pour Me Debbouz, les poursuites judiciaires engagées par le parquet «n'ont aucun fondement». L'avocat a assuré qu'il continuera à dénoncer l'arbitraire que subit son client.