Sous certaines circonstances (…), je pense qu'Israël a le droit de conserver une partie, mais pas toute, de la Cisjordanie», a déclaré, samedi, l'ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman, dans une interview accordée au quotidien américain The New York Times. Une déclaration qui a entraîné une grande colère en Palestine occupée que ce soit au niveau de la Direction, des factions ou de l'opinion palestiniennes. Le gouvernement palestinien n'a d'ailleurs pas tardé à réagir à ce que tout le monde a qualifié de «provocation inique». Il a ainsi dénoncé une politique américaine menée par des «extrémistes» sans «maturité politique» et vivement dénoncé les propos de l'ambassadeur américain qui n'a jamais caché son soutien aux colons israéliens et aux colonies dans les Territoires palestiniens occupés. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué de presse vouloir déposer une plainte contre l'ambassadeur américain en Israël devant la Cour pénale internationale (CPI). Saëb Erekat, le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a qualifié de sa part M. Friedman «d'ambassadeur extrémiste des colons israéliens», sur Twitter, avant d'ajouter, «leur vision consiste à annexer un territoire occupé, un crime de guerre selon le droit international». Les propos du diplomate américain risquent de renforcer la conviction des Palestiniens que l'administration du président Donald Trump est totalement alignée sur la politique du gouvernement israélien, contrôlé par des partis de la droite et de l'extrême droite israéliennes. Une telle attitude devrait les pousser également à continuer de rejeter avec encore plus de force le plan de paix américain «la transaction du siècle», qu'ils considèrent déjà comme la plus grande aberration du siècle. Pour les Palestiniens, une telle administration, qui a déjà reconnu la ville sainte d'Al Qods, occupée et annexée en 1967 par Israël, comme capitale de l'Etat hébreu où elle a transféré l'ambassade des Etats-Unis, en violation claire des résolutions de la légitimité internationale, ne peut être un intermédiaire neutre dans toutes négociations de paix visant à mettre fin au conflit israélo-palestinien. Les relations avec l'administration du président Trump sont totalement interrompues par la Direction palestinienne depuis la fin 2017. En réponse, Washington a cessé l'aide financière annuelle aux Palestiniens, particulièrement aux réfugiés. Trump a annulé en effet le versement de 300 millions de dollars à l'UNRWA, l'Agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens, après avoir mis en doute leur nombre. Pour l'administration américaine, le nombre de réfugiés est exagéré. Selon l'UNRWA, ils sont plus de 5 millions, et seulement quelques dizaines de milliers selon l'administration Trump. Le dossier des réfugiés ainsi que celui de ville sainte d'Al Qods sur lesquels les positions des Etats-Unis sont celles de la force occupante, l'Etat d'Israël, sont deux piliers fondamentaux de la question palestinienne sans lesquels aucune solution du conflit n'est possible. Un Etat palestinien indépendant et souverain doté d'une continuité territoriale selon les frontières de 1967, avec Al Qods comme capitale, et un règlement juste de la question des réfugiés, basée sur la résolution 194 des Nations unies, représentent pour la Direction palestinienne et son peuple la clé de tout règlement acceptable du conflit israélo-palestinien.