L'ingénieur atomiste israélien, Mordechai Vanunu, a tout dit sur le programme et l'arsenal nucléaires israéliens. Peu avant d'être enlevé dans une capitale occidentale et envoyé en prison, ce chercheur a donné tous les détails, faisant en sorte qu'il ne soit pas possible de démentir quoi que ce soit. En particulier la centrale nucléaire de Dimona construite en 1965 dans le désert du Néguev. Il a même révélé les soutiens occidentaux qui ont permis à Israël de maîtriser la technologie et de disposer des matériaux et installations pour se lancer dans une telle opération. Ce qu'a confirmé le président israélien Shimon Peres, lui-même considéré comme le père du programme nucléaire israélien. Sans dévoiler l'arsenal nucléaire considérable, selon les spécialistes qui l'évaluent à trois cents ogives nucléaires. Que faut-il de plus pour ne plus ignorer cette évidence et appeler les choses par leur nom, et, au bout du compte, crédibiliser un discours qui en a vraiment besoin ? En plein débat sur la renégociation du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), et même l'espoir — il est tout de même permis d'en avoir — d'un monde sans armes nucléaires, Israël fait savoir qu'il va poursuivre sa politique « d'ambiguïté » sur le nucléaire avec le soutien des Etats-Unis. Une formule selon laquelle il n'est plus possible de nier une évidence, sauf qu'il ne faut pas en parler, et encore plus tenter de soumettre les installations israéliennes aux fameuses inspections de l'ONU. Parce qu'Israël n'est pas signataire du TNP et cela ne lui confère aucune obligation. C'est la déclaration faite hier par le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, ajoutant que sur ce sujet « il y a une entente totale avec les Etats-Unis ». Et pourtant, rappelle t-on, en avril, le président américain Barack Obama a dit souhaiter qu'Israël rejoigne le TNP. Il est vrai que dans le même temps, les pays arabes se prononcent pour un Proche-Orient sans armes nucléaires. L'allusion est claire. Elle ne souffre aucune ambiguité, devrait-on dire pour rester dans le style, sauf que le sens n'est pas le même. Dans de telles conditions, et surtout le fait que le Proche-Orient, quoi qu'on dise, soit une zone de conflits, il devient difficile d'ignorer le fait nucléaire israélien, d'autant plus qu'Israël se prévaut du soutien américain en ce qui concerne cette politique d'ambiguité, bien que ce concept ne signifie absolument rien. Il ne permet en aucun cas de répondre aux critères connus, lesquels, dans le cas israélien, ne traduisent pas seulement de la simple suspicion, ses dirigeants toutes tendances confondues, ne se privant pas de lever le voile sur cette ambiguité et rendre l'exercice de style bien inutile, même si cela devrait incommoder des gouvernements occidentaux, refusant certainement d'assumer leur propre rôle dans l'émergence de la puissance nucléaire israélienne. Et, au-delà, la création d'un danger, contredisant du coup tous leurs discours. L'exercice de style devient inutile.