La ville de Béjaïa a abrité du 15 au 20 juillet le carrefour de l'artisanat dans sa deuxième édition. Un espace culturel prometteur dans un décor richement traditionnel et plongé dans une ambiance estivale. Organisé à l'intérieur de l'école primaire Ibn Rochd par le Comité des fêtes de la ville de Béjaïa et la Chambre régionale de l'artisanat et des métiers (CAM), le carrefour a été inauguré en présence des autorités locales et du directeur de l'administration générale au ministère de la PME, M. Bentamer. Sur les 31 chambres de l'artisanat que compte le pays, une vingtaine a pris part à la manifestation. Les participants sont venus de Tiaret, Batna, Tizi Ouzou, Bouira, Oum El Bouaghi, Touggourt, Ghardaïa, Béjaïa... pour offrir une mosaïque traditionnelle. Dans la cour de l'école est plantée une grande tente habillée de tapis qui dégage l'hospitalité de ses occupants. C'est la kheima de Tiaret. En face, un jet d'eau, installé pour l'occasion, vient étancher la soif des amoureux de ces ouvrages. Dans un coin ombré, des tapis qui n'ont rien à envier à la tapisserie étrangère sont exposés avec toute leur diversité. De Tamanrasset, Touggourt, Maâtka, Ghardaïa, Khenchela, Ksar Chellala, Guergour, Cherchell, du Hoggar ou du M'zab, le tapis algérien veut forcer l'admiration du marché étranger. Le hic pour les professionnels de la tapisserie, c'est l'absence de la notification du produit algérien qui se retrouve, dans des cas, noyé dans une liste de produits exposés au nom de pays étrangers qui le récupèrent. « J'ai retrouvé des tapis algériens exposés comme une production marocaine », témoigne M. Nour Zoulim, directeur de la chambre de l'artisanat et des métiers qui a bien voulu nous servir de guide dans ce carrefour de l'artisanat. Selon notre interlocuteur, le ministère de la PME a dégagé une équipe de spécialistes pour l'opération d'estampillage des produits algériens. Le tapis de Béjaïa, c'est ce qui a permis de faire découvrir, aux visiteurs de son stand, l'entreprise de tapis traditionnels de Cherchell. Le tapis de Béjaïa porte une histoire qui renverrait jusqu'à l'époque turque. Pour le Dr Tahar Hanèche, vice-président du comité des fêtes, l'histoire nous apprend aussi que « les dentelles ont été créées à Béjaïa et étaient même exportées vers la rive nord de la Méditerranée. » L'exposition a réservé une bonne partie pour les bijoux traditionnels kabyles, targuis et chaouis. « Chez nous, le bijou traditionnel est une histoire de famille, et moi je suis de la troisième génération », nous dit M. Mahmoud Assous, un exposant de Aïn El Hammam qui estime que la manifestation a manqué de publicité mais se montre satisfait de la tenue de cette manifestation. « Ce n'est pas l'affluence des grands jours », fait remarquer, pour sa part, Mlle Keltoum Touati, venue de Batna avec dans les bagages plus de bijoux traditionnels que de tapis. Le domaine de la bijouterie, elle l'a investi presque par contrainte. Parce que les tapis sont lourds à déplacer pour les besoins des diverses expositions. Conjuguée au manque de moyens, la situation est contraignante. « Les bijoux ne prennent pas beaucoup d'espace dans mes déplacements par bus », nous explique-t-elle. Sept sculpteurs sur bois sont présents à l'exposition. Venu de Tazmalt, M. Beldjoudi y prend part pour la deuxième fois avec un éventail de produits fabriqués à base du bois de sapin, entre autres. Il attend l'aide du ministère sur le Fonds national de promotion de l'artisanat (FNPA) pour l'acquisition d'un tour. Outre les bijoux, les tapis et la sculpture, la manifestation a concerné aussi les habits traditionnels, la poterie, la céramique, les roses et tableaux de sable, la maroquinerie, la dinanderie, la vannerie... Plus de 200 artisans traditionnels sont inscrits dans la wilaya. 150 seulement sont considérés comme actifs. Ajoutés aux professionnels des deux autres branches, de l'artisanat de production de biens et de l'artisanat de service, le chiffre atteint les 4500 artisans inscrits. Autant de monde en quête d'une meilleure structuration et d'aide. C'est la mission assignée à la chambre de l'artisanat et des métiers coiffant les deux wilayas de Béjaïa et de Bouira et qui est nouvellement créée à la faveur d'un décret signé en décembre 2003 qui a porté le nombre de chambres de l'artisanat de 20 à 31 sur le territoire national. La CAM entend inscrire dans son programme l'organisation d'une fête locale et d'un Salon national. « Nous sommes en train de régulariser les artisans et les tenir informés des avantages que les textes en vigueur leur octroient, comme l'exonération d'impôts sur dix ans », nous dit M. Zoulim.