Hormis la saison estivale, l'APC ne dispose pas de ressources financières pour développer la commune. La saison estivale, c'est pour les autres. A l'APC de Tigzirt, nous la subissons tant les problèmes à régler sont nombreux.» Pour Abbou Moussa, le maire de cette localité balnéaire située à 40 km au nord de Tizi Ouzou, l'été est la période la plus chargée de l'année. En plus des doléances de la population des 12 villages de la commune à satisfaire, l'assemblée locale doit gagner un autre challenge ayant trait à la gestion des flux de vacanciers. Jeudi 18 juillet, week-end de grande affluence sur les trois plages de la commune. Les rues étroites de la ville grouillent de monde. La circulation automobile est dense sur la principale artère commerçante du chef-lieu. La présence de quelques policiers et d'un barrage filtrant ne sont pas pour régler le problème, en l'absence d'un plan de circulation. Dépourvue d'aires de stationnement et de voies routières dignes d'une ville touristique, l'antique Iomnium étouffe sous les bouchons. Près de 3 millions de vacanciers sont enregistrés chaque été dans cette localité balnéaire. Certes, Tigzirt a la «cote», mais pas les moyens et l'infrastructure nécessaires pour faire face au rush des estivants venant de plusieurs régions du pays. Les préparatifs de la saison estivale ont pris du retard cette année faute de budget. Les travaux de réhabilitation de la plage de Tassalast, qui a subi des dégâts suite aux intempéries hivernales, sont toujours en cours, a-t-on constaté. Des engins s'activent à quelques mètres seulement des baigneurs. Dans la partie basse de la ville, c'est la pénurie d'eau qui pose problème. La station de dessalement d'eau de mer est souvent à l'arrêt. L'usure et les pannes répétitives ont eu raison de cette installation hydraulique mise en service en août 2004. «Nous n'arrivons pas à répondre aux besoins exprimés en été. On ne peut développer le tourisme sans assurer ce minimum vital aux estivants», dit le président de l'APC. Pénurie d'eau en bord de mer Pour le renforcement de Tigzirt en AEP, il est prévu la réalisation d'une autre station de dessalement à Tamda Ouguemoun, dans la commune d'Iflissen, qui produira 40 000m3/jour d'eau, extensibles à 60 000m3. Sans ressources financières, la commune de Tigzirt n'arrive pas à décoller, tant les projets de développement affectés par les pouvoirs publics restent en deçà des attentes de la population. Vitrine de la ville, le siège de la mairie, datant de l'époque coloniale, est vétuste et exigu. L'APC compte transformer ses locaux en musée. La commune a bénéficié dans le cadre des PCD d'une enveloppe financière pour la réalisation d'un nouveau siège. Ce projet, financé conjointement avec l'APW, a été partiellement réceptionné. La zone d'activités devant accueillir des opérateurs économiques demeure inexploitée pour un problème d'oppositions et de manque de viabilisation. Pour le moment, seule l'entreprise Tifra-Lait y est implantée. La région, qui ne vit que deux mois sur 12, souffre d'un chômage endémique. L'unité de montage de fauteuils roulants, qui emploie 62 ouvriers, est en attente d'extension depuis des années. A l'origine de ce blocage, un problème foncier lié à la nature juridique du terrain. Hormis le commerce et la pêche, une activité en déclin, rien ne se profile à l'horizon en matière de débouchés. S'agissant des infrastructures de jeunesse, Tigzirt a bénéficié d'une piscine semi-olympique en voie d'achèvement. La commune compte également une salle de sports en construction et un stade de football en gazon synthétique sans tribunes ni vestiaires. On dénombre aussi un programme de 400 logements nouvellement attribués. Les bâtiments sont mitoyens avec une décharge intercommunale située en plein centre-ville. La fumée qui se dégage du site pendant l'incinération des ordures empoisonne la vie des riverains à des kilomètres à la ronde, confie le maire. Pour y remédier un tant soit peu, l'APC a tenté l'enfouissement mais «cela reste du bricolage», admet M. Abbou. Dans le secteur du tourisme, l'Assemblée locale envisage la construction d'un théâtre de verdure qui surplombera l'enceinte portuaire et l'îlot (thigzirth) dont la ville tire son nom. En visite dans la région jeudi, le président de l'APW de Tizi Ouzou, Youcef Aouiche, accompagné des directeurs du tourisme et de l'hydraulique, a relevé le retard que connaît cette localité dans plusieurs secteurs. «Tigzirt mérite mieux. En tant qu'APW, notre souhait est de faire de cette région une destination touristique par excellence. Comme Azeffoun, elle occupe une bonne place dans le tourisme balnéaire», nous a déclaré M. Aouchiche. Très convoitée par les vacanciers pour ses plages et l'hospitalité de ses habitants, Tigzirt dispose en effet d'atouts indéniables à même de lui assurer un avenir prometteur dans ce secteur d'activité, si l'Etat venait à mettre les moyens nécessaires.