A la veille du fameux 15 septembre, date à laquelle Ahmed Gaid Salah a suggéré la convocation du corps électoral pour la tenue de l'élection présidentielle «dans les délais réglementaires», soit à la mi-décembre, le Conseil National de Jil Jadid, réuni, ce samedi, relève avec inquiétude l'évolution de la crise politique dans laquelle le régime l'a entrainée. Dans un communiqué rendu public, le parti de Soufiane Djilali constate que la montée des tensions est palpable : « La confrontation des volontés échauffe les esprits. Les voix prônant la radicalité s'élèvent de toutes parts excluant parfois la raison ». Pour le parti, un vrai dialogue, aurait pu aboutir à une synthèse des propositions avancées par les différents partis politiques pour sortir de la crise. Ajoutant qu'une élection présidentielle, préparée convenablement aurait pu ouvrir un processus constituant, et ce, dans la sérénité et la coopération. « Malheureusement, la rupture de confiance est trop profonde. Des décennies de mensonges, de prédations, de manigances et de mépris du peuple ont fait que les ‘'passerelles'' sont rompues et que les hommes de bonne volonté se sont réfugiés dans une abstinence politique inévitable », se désole-t-il. Selon Jil Jadid, l'impossibilité évidente de cristalliser la volonté populaire dans des figures politiques nationales est l'un des résultats objectifs de la politique de dislocation de la volonté populaire menée par le régime Bouteflika. « L'agitation et parfois ‘'l'hystérisation'' d'individus infiltrés dans le mouvement et rejetant toute initiative politique a fini par rompre toute possibilité de convaincre le pouvoir d'aller à la négociation », explique le parti dans son communiqué. Cependant, quelles que soient les raisons, objectives et subjectives, Jil Jadid estime que c'est le pouvoir qui a été jusqu'à maintenant « incompétent dans sa gestion de la crise ». La raison, selon Jil Jadid, est qu'en voulant apparaître comme garant d'une légalité constitutionnelle surfaite, il a fini par exposer ses institutions les plus sensibles à l'ire populaire. Dans son communiqué, le parti explique que c'était au pouvoir de se mettre au-dessus de la mêlée et d'être à l'écoute du peuple. Que c'était à lui de prouver aux Algériens sa bonne foi, de rassembler le peuple, de le rassurer, de le mettre en confiance et de lui donner de l'espoir. « Malheureusement, au lieu d'agir en politique responsable face à un peuple légitimement en colère, le pouvoir a voulu régir une ‘'population'' sommée d'exécuter des ordres sans demander son reste », se désole le parti. Le communiqué ajoute que dans ces conditions, le dialogue officiel n'a pu consacrer des mesures d'apaisement qui auraient dû lui donner ses meilleurs arguments. Au contraire, « le pouvoir, au lieu de faire preuve de patience et de compréhension, durcit sa gestion et les arrestations, y compris d'hommes politiques, n'ont pas cessé ». Finalement, Jil Jadid estime que les élections présidentielles projetées ont peu de chance d'entraîner l'enthousiasme populaire et compliqueront la crise au lieu de la résoudre. C'est pour cette raison que le parti appelle à la retenue, à l'unité de la nation et au véritable dialogue comme moyen d'éviter au pays des dérives coûteuses. Selon lui, il est encore possible de revenir à une ligne politique sereine, et plus fructueuse pour tous. « Le mouvement populaire doit valoriser les immenses gains politiques qu'il a déjà acquis. Une troisième voie, celle de la sagesse, avec l'assentiment de tous, pourrait tracer le chemin de l'espoir », conclut le communiqué.