À la fin des années 1990, l'artiste originaire de Bristol, au Royaume-Uni, jouissait d'une belle reconnaissance sur la scène locale. Mais il n'était pas encore le peintre connu partout à travers le monde pour ses fresques murales. Banksy. La simple évocation de ce nom agite un imaginaire rempli de fantasmes et de théories plus folles les unes que les autres. Mais certaines histoires sont bien réelles, et révèlent le caractère hors norme de l'artiste. À Bristol, sixième plus grande ville du Royaume-Uni, des adultes aujourd'hui, hier des enfants, ont travaillé avec le peintre à la fin des années 1990. Mais s'en souviennent-ils seulement ? Peter de Boer, un animateur du centre de jeunesse Lawrence-Weston, raconte à la BBC une anecdote insolite sur l'artiste. Evidemment, c'est aujourd'hui une légende du street-art et de l'art contemporain de manière générale. Mais avant que son style ne fasse le tour du monde, il était avant tout un artiste engagé de Bristol. À l'époque, Peter recherche des artistes originaires de la ville du sud-ouest de l'Angleterre afin de sensibiliser les jeunes à l'art. Un ami lui parle alors d'un jeune homme avec qui son frère a tagué les murs de la ville: un certain Banksy. Séduit par le profil qui lui est décrit, Peter demande à son ami de les mettre en contact et décide de l'appeler. Au bout du téléphone, il discute avec quelqu'un de particulièrement enthousiaste. L'amour de la transmission comme motivation Rapidement, Banksy accompagne les jeunes du centre dans la réalisation de fresques sur les murs du bâtiment. À chaque venue, il est attendu par des dizaines d'adolescents, âgés de 11 à 16 ans. «Ce qui m'a frappé à l'époque, c'est qu'il n'avait pas d'ego. Il faisait de l'art avec eux, plutôt que de faire de l'art pour eux, raconte Peter. Ce n'était pas Banksy et des jeunes, mais un vrai partage. C'était du 50/50.» Les peintures issues de ces sessions étaient souvent amusantes et composées de couleurs vives. Mais elles étaient chargées de sens. Par exemple, l'une d'entre elles représentait des vaches levant les yeux vers le ciel, tandis que des bombes tombaient sur elles. Peter pense que cette représentation illustrait l'anxiété climatique de l'époque. Oui, il s'agit bien de parler de ces fresques murales au passé, puisqu'elles ont toutes été recouvertes de peintures au fil des années. Mais Peter s'en explique volontiers: «Je ne regrette absolument pas de les avoir recouvertes. À l'époque, il s'agissait davantage de travailler avec les jeunes et de les impliquer dans des projets artistiques. Et c'était juste un projet artistique comme un autre.» Pas question pour Peter de tomber dans une profonde nostalgie et de vouloir garder un souvenir matériel de cet épisode vieux de près de 30 ans: le centre Lawrence-Weston était dédié à la production artistique pour les jeunes de Bristol, alors il fallait poursuivre cette mission, sans sanctuariser l'endroit. La force de ces moments passés avec les jeunes réside dans le fait d'avoir éveillé leur curiosité et attisé leur goût pour l'art, Banksy ou non –c'est en tout cas la vision de Peter.