Décidément, la série noire liée aux scabreuses affaires de détournement dans les trois coopératives des céréales et légumes secs de la wilaya de Tiaret se poursuit. Hier, très tôt dans la matinée (3 heures), le juge d'instruction près le tribunal de Frenda a décidé de la mise sous mandat de dépôt de K.K., ex- directeur de la CCLS de Frenda et actuel responsable de celle de Mahdia, et de dix autres personnes, quatre magasiniers de Frenda, Aïn Hedid et Sidi Bakhti, le responsable des finances, le chef de service commercial et des courtiers, accusés d'«association de malfaiteurs», «trafic d'influence», «mauvaise utilisation de la fonction» et «faux et usage de faux». Une jeune dame, banquière à l'agence BADR de Frenda a été, elle, mise sous contrôle judiciaire, pour son prétendu rôle dans l'établissement de faux dossiers de fellahs. Une dizaine d'autres prévenus ont bénéficié de la liberté conditionnelle. Au total, pas moins de 35 personnes ont été présentées devant le procureur de la République dans cette énième affaire de détournement de blés dits «Jumbo» qui a nécessité de longs mois d'enquêtes sécuritaires. Les enquêteurs, tant de la gendarmerie que les inspecteurs de l'OAIC, ont découvert un important manque dans les stocks. On parle de 76 000 quintaux rien que pour le blé dur, et un préjudicie de 32 milliards, au moment où les opérations de solde dans les autres magasins pour la farine et l'orge n'ont pas encore été achevées. Les personnes incriminées auraient, selon toute vraisemblance, procédé à l'établissement de fausses déclarations et commis des faux en écritures comptables pour masquer les chiffres. C'est, pour rappel, la troisième affaire du genre, après celles, presque semblables, des deux autres CCLS de Tiaret et Mahdia, qui ont conduit une quarantaine d'autres responsables et employés en prison. Les histoires de détournements dans ces entités relevant de l'OAIC ont de tout temps défrayé la chronique locale. A l'origine de ces scandales, la nomination aux postes de responsabilité de gens qui savent manier la «chkara» ainsi que le statut social de ces coopératives. Les conseils de gestion qui étaient des organes délibérants ont vu leurs attributions limitées. Les organes de contrôle, bien que nombreux, n'ont été d'aucun secours. Ces trente dernières années et, en plus du déclin de la production, l'avènement de blé et d'orge d'importation n'a fait qu'enrichir des castes à tous les niveaux. Les affaires qui aboutissaient devant la justice n'ont été que des parodies…