Les protestataires ont qualifié les propos du ministre de méprisants, au vu des conditions déplorables dans lesquelles ils exercent. Des enseignants des écoles primaires de Constantine ont contesté fermement sur les réseaux sociaux les dernières déclarations du ministre de l'Education nationale Abdelhakim Belabed, à propos de leur rémunération «qui leur permet un cadre de vie digne». En grogne, plusieurs enseignants des différents établissements scolaires se sont regroupés, hier matin, devant le siège de la direction de l'éducation de wilaya, suite à un appel à la grève lancé sur les réseaux sociaux, pour dénoncer les véritables conditions déplorables dans lesquelles ils exercent quotidiennement. Ils ont considéré que les propos du ministre, émis lors de la célébration de la journée mondiale de l'enseignant coïncidant avec le 5 octobre, sont une insulte à leurs efforts. «Face à la flambée des prix et la conjoncture économique et politique actuelle, M. Belaabed croit-il réellement qu'un salaire de 31 000 DA est suffisant pour un père de famille de vivre dignement ? Quelle audace, car il est évident pour tous les Algériens que 80% de ce salaire n'assurent que le panier de nourriture d'un mois, sans compter le reste des charges», a fulminé un des protestataires. Ces derniers scandaient : «En colère, nous refusons la situation actuelle». Les manifestants brandissaient également des pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autres: «l'enseignant de l'école primaire est assommé», «un peu de clémence envers l'enseignant… non au journal de classe quotidien». Selon Saber Laaziz représentant des manifestants, leur première revendication est de retirer les écoles primaires des propriétés des communes. «Nous voulons à ce que l'établissement du premier palier devienne la propriété du secteur de l'éducation et non pas de la commune, qui gère mal son patrimoine. Il est nécessaire de noter que l'enseignant n'assure pas uniquement le rôle d'éducateur, mais aussi d'agent de nettoiement, de surveillant à la cour, de surveillant au réfectoire et autres, sans oublier le manque de moyens. Il se trouve contraint de débourser de l'argent pour acheter les brosses, les crayons et faire des photocopies», a souligné M. Laaziz, affirmant que la situation est devenue inadmissible, particulièrement face à la surcharge dans les classes. Il a avoué que certaines classes comptent plus de 36 élèves. On retient aussi parmi les revendications des protestataires l'alignement des catégories entre le primaire et les autres paliers, afin que l'enseignant «mène une véritable vie digne». Notons également, parmi les 14 revendications soulevées dans une plateforme dont El Watan détient une copie : la réduction du nombre des horaires qui a atteint 30 heures par semaine, l'annulation des journaux de classe, le renfoncement des moyens de transport dans les régions éloignées, la généralisation des nouvelles technologies et l'octroi de l'agrément pour le syndicat national des enseignants du primaire (SNEP). Une action déplorée par les parents Par ailleurs, cette grève décidée sans préavis a provoqué hier la colère des parents d'élèves à Guelma. «Ça commence bien, c'est scandaleux ! J'ai accompagné mon petit garçon à l'école. Je suis revenu sur mes pas par hasard. Ils ont sorti les élèves alors que beaucoup de parents sont partis confiants d'avoir confié leur progéniture à l'école», a déclaré un parent à El Watan. «Ils nous ont dit qu'il s'agit d'un mouvement de protestation, mais il s'est avéré qu'il était inopiné», a-t-il ajouté. En effet, c'est l'incompréhension et surtout le manque d'information qui a marqué les esprits à Guelma. Mais qu'en est-il au juste ? «Ce que je peux vous dire à ce sujet, c'est qu'il s'agit d'un mouvement de protestation qui n'a, à ma connaissance, pas de légitimité syndicale. Nous n'avons reçu à ce sujet aucun préavis ni communiqué», a déclaré un inspecteur de l'enseignement primaire. Et de conclure: «ils ont répondu favorablement à un appel relayé sur les réseaux sociaux, en l'occurrence sur Facebook». Sachant que la wilaya de Guelma compte 290 écoles primaires, le directeur du secteur a réagi à la situation d'autant que ce mouvement de protestation a ciblé hier matin la direction de l'éduction. «Oui en effet, nous avons enregistré un taux de 10 % d'adhésion à ce mouvement. Une chose est certaine, nous n'avons reçu, jusqu'à l'heure aucun communiqué officiel. Nous avons appris que l'appel à la grève a été lancé sur Facebook», a indiqué notre interlocuteur. «Bien évidemment des ponctions sur salaire seront appliquées pour les absents», a-t-il conclu. Notons que le fameux document est relayé en ligne pour les enseignants qui souhaitent le ratifier et adhérer à ce mouvement pour la journée du dimanche 6 octobre. Il s'agit d'une liste de pas moins de 24 revendications socioprofessionnelles dont la première dénonce les mauvaises conditions de travail des enseignants du primaire. Notons également que des dizaines d'enseignants du primaire à Jijel ont observé, hier matin, un sit-in de protestation devant le siège de la direction de l'éducation. D'autres enseignants, avons-nous appris, ont protesté devant leurs établissements. On apprend que l'essentiel des revendications concerne «l'allègement du volume horaire, l'unification de la classification, l'annulation de la surveillance dans la cour et le réfectoire, l'augmentation des salaires et le bénéfice de fiches pilotes non manuscrites». Les concernés s'étonnent qu'ils aient des diplômes similaires à ceux qui enseignent dans le cycle moyen et un volume horaire plus important, et qu'ils soient classés à la catégorie 11 alors que les seconds sont à la 13.