La cour criminelle de Biskra vient de prononcer l'acquittement au profit des deux prévenus dans l'affaire du double crime crapuleux qui avait défrayé la chronique, au cours de l'été 2004, à Sidi Okba. Tout a commencé le 18 juillet, quand un voisin est venu alerter la police ; une odeur pestilentielle émanait de la demeure de ses voisins - un couple d'octogénaires formé d'un retraité des Douanes et de son épouse - qui n'avaient pas donné signe de vie depuis au moins 3 jours. Quand la police pénétra dans la maison des Fatnassi, située à l'écart de Haret Ouled Salah, un endroit propice au cambriolage, puisque isolé, s'est dépeuplé au fur et à mesure que progressaient les démolitions des anciennes demeures pour faire place nette au chantier du gigantesque complexe islamique, c'est pour découvrir l'effroyable spectacle des deux corps suppliciés : la femme surprise dans son sommeil au rez-de-chaussée avait le crâne défoncé « par un objet tranchant et contendant », dira le rapport d'autopsie. Quant au corps du vieil homme découvert au premier étage, il a été lacéré de 22 coups de hachoir. La maison était sens dessus dessous. Le ou les auteurs du double meurtre étaient soit des cambrioleurs que le vieux douanier aurait reconnus et qui l'auraient supprimé ainsi que sa femme pour pouvoir bénéficier de l'impunité ou bien, on serait en présence d'un homicide volontaire, - ce qui expliquerait l'acharnement des meurtriers - qu'on aurait tenté de maquiller en cambriolage pour brouiller les pistes. Au départ, un indice, le fil de la ligne téléphonique de la victime coupé du dehors, orienta, semble-t-il, les enquêteurs vers la piste d'un récidiviste notoire qui « signait » ainsi les multiples cambriolages qui surchargent son lourd casier judiciaire. Les enquêteurs étaient sûrs d'avoir mis la main sur le vrai coupable d'autant que celui-ci avait déjà « visité » l'habitation des 2 victimes, une visite qu'il paya d'un séjour en prison. Après son arrestation, il ne se fit pas prier pour imputer, semble-t-il, le double crime à un de ses acolytes. Quand le deuxième suspect fut arrêté à son tour, il nia être l'auteur du crime et chargea son complice aussi bien au cours de l'enquête policière que devant le juge d'instruction. Malgré un dur réquisitoire demandant la peine de mort, et malgré l'habilité des avocats de la partie civile, les 2 inculpés surnommés Zetina et Chanfara nièrent tout en bloc, lors du procès et proclamèrent véhémentement leur innocence ; leurs 3 avocats se relayèrent à la barre pour insister sur l'absence de preuves matérielles évidentes retenues contre leurs clients et sur la présomption d'innocence qui doit être prise en compte dans ce cas, par la cour. Finalement, en leur âme et conscience, les membres de la cour criminelle de Biskra relaxèrent les inculpés, au bénéfice du doute. Selon le bâtonnier Ahmed Sai, la partie civile va se pourvoir en cassation.