Plus de 45 œuvres, signées de l'artiste Attar, ornent les cimaises du hall du Théâtre national d'Alger jusqu'à la fin du mois. On le connaissait jusque-là sous la casquette plurielle d'ingénieur du son, de musicien et de producteur. Ayant plus d'une corde à son arc, Attar nous fait découvrir aujourd'hui un autre pan de sa personnalité, en l'occurrence son attachement à la peinture, une passion qui remonte à plus d'une trentaine d'années. Si Attar a exposé plusieurs fois à l'étranger, notamment en France, en Allemagne et en Irlande, sa présente exposition est la première en Algérie, et se décline sous la forme d'un voyage initiatique où des escales heureuses et spirituelles à la fois sont assurées. Les tableaux de Attar résument toute sa carrière, axée sur la musique et la peinture et sont parsemés de corps dépourvus d'yeux, de nez et de bouche. Pour l'artiste, c'est un principe voulu. Il met les consonnes et laisse le visiteur mettre les voyelles. « Il est des textes sans voyelles, les consonnes y sont les colonnes permanentes entre lesquelles la voix du lecteur recrée chaque fois le miracle de la vie, par la voix des voyelles. Mes tracés, je les ai voulus consonnes : ouverts à la lumière des regards de ceux qui voudraient bien s'y attarder un peu », explique-t-il. L'ensemble des silhouettes aux visages sincères suggèrent des attitudes. Les œuvres spirituelles intitulées A couvert dialogue de sages, Autour du livre ou encore Voyageur du temple sont lourdes de sens. A travers ses différentes pérégrinations dans le Sud algérien, Attar a immortalisé ce rapport de l'être humain dans une réflexion du monde, d'où cette prolifération de sages - habillés tantôt en bleu tantôt en blanc - en conclave à huis clos sous une palmeraie ou dans un endroit pieux. Mare Nostrum est une procession de personnes déambulant vers l'inconnu, suscitant interrogation et l'intrigue : au nom de quoi disperse-t-on les hommes et les frères ? Les étoiles de couleur jaune occupent également une place de choix. Qu'elles soient petites ou grandes, l'omniprésence de ces étoiles est la résultante du rapport de l'être humain au cosmos, ce véritable chantier spirituel d'étoiles symbolise l'orientation. « Plusieurs édifices religieux sont orientées vers les étoiles au moment de leur construction », indique-t-il. On retrouve dans cette exposition trois sérigraphies en couleurs montrant les portraits de Khaled Louma du groupe T34 sur scène, une mariée berbère baptisée « Nour » et un autoportrait de Attar. Quant à la technique utilisée, cette dernière oscille entre le fusain, la craie, le diluant, les vernis translucides et la peinture. Les œuvres sont sublimées avec des encadrements colorés d'exception, chaque photographie s'est vu proposer un cadre sur mesure original et unique. Une remarquable manière de présenter une œuvre d'art. Il est à noter par ailleurs que la vente de l'ensemble de cette récente collection fera l'objet du financement d'un projet artistique dans le Sud algérien, auquel seront associés des amis de Attar.