Arslane est avant tout un nom connu sur la scène culturelle. Artiste pluriel, il a incarné plusieurs rôles dans le théâtre et dans le cinéma. Ayant plus d'une corde à son arc, Arslane est également artiste peintre depuis déjà une trentaine d'années. Il enseigne en qualité de professeur en design à l'école supérieure des Beaux -Arts d'Alger depuis 28 ans. Intitulée « De passage », l'exposition de Arslane est un condensé de couleurs et de mouvements. D'emblée, il tient à expliquer que le titre attribué à son exposition n'est pas fortuit. Comme il l'explique si bien, il se sent de plus en plus de passage sur cette terre. « Cela peut être positif. “De passage”, c'est aller vers quelque chose. En même temps, c'est de l'humilité. Ce moment passé sur cette planète va s'inscrire dans A la mémoire des gens. Tout le monde est de passage sur cette terre, n'est-ce pas ! » En tout, c'est pas moins d'une quarantaine d'œuvres qui sont accrochées aux cimaises. Une certaine solitude se dégage de l'ensemble des œuvres de grand format. Le regard est épris par cette prolifération à la fois de couleurs chaudes et de traits furtifs. Une sensation de déprime et de solitude émane de ses créations. Arslane a cette faculté de plonger dans le fer artistique pour donner naissance à des productions quelque peu contrariées. C'est du moins ce qui s'en dégage. Même si l'esthéte reconnaît en sa peinture un côté abstrait, Arslane, lui se plaît à affirmer que sa peinture a un cachet expressionniste. Sa manière de travailler découle de la déchirure. Il déchire pour mieux recomposer : « Je suis destructeur de moi-même pour mieux me reconstruire », dit-il. Déchirure à tout vent, La mémoire de rien du tout, La mémoire dans l'abîme, Oiseaux noirs lumineux ou encore Le Vent mélancolique traduisent cette angoisse permanente. Il aime à le répéter, il travaille dans un chaos intérieur. « C'est comme si je voulais ramener le passé à mon présent, mais ce dernier, invariablement me désole de sa désespérante fugacité », argumente-t-il. La technique utilisée oscille entre les pastels, l'huile, l'acrylique et les encres. L'artiste Arslane a accompagné certaines de ses œuvres de poésie. Une poésie livrée en vrac, sur un catalogue. Dans ses moments de grande tristesse ou de joies ultimes, il a couché sur des feuilles d'écolier jaunies par le temps, sur des feuilles de cansons tachées de café ou simplement sur de petits bouts de papiers raturés ses appréhensions de l'heure. Dans le tableau intitulé Danse dans l'abîme, Arslane écrit : « Je cherche ce que je ne sais quoi écrire et je dessine ce que je n'ai pu décrire ». Tout le talent de cet artiste réside dans cette capacité de combiner ses propres sensations et les expressions qui en découlent. L'exposition de Arslane est à découvrir absolument. Plus qu'un, peut se permettre « ce passage » du côté de la galerie Arts en liberté.