Près d'une dizaine de villes chinoises étaient bouclées, hier, à l'épicentre de l'épidémie virale, dont le bilan s'est à nouveau alourdi, alors que l'OMS a estimé qu'il est «trop tôt» pour déclarer une urgence mondiale. Déjà 26 morts sur un total de 830 personnes contaminées : le bilan du nouveau coronavirus apparu en décembre sur un marché de Wuhan (centre) s'est encore aggravé. Sur les 830 cas, 177 sont jugés graves, tandis que 34 patients «guéris» ont pu quitter l'hôpital, selon le dernier bilan officiel en date. Plus d'un millier de cas suspects sont en cours d'examen. La Chine a confirmé un deuxième mort en dehors de la zone de l'épicentre de l'épidémie. Cette personne est décédée dans le Heilongjiang (nord-est), une province frontalière de la Russie. Pékin a multiplié les mesures de précaution depuis quelques jours pour contenir l'épidémie. La ville de Wuhan, 11 millions d'habitants, est placée de facto en quarantaine. Le régime chinois a pris la décision inédite d'interdire tous les trains et avions au départ de Wuhan et de bloquer les autoroutes. Seuls quelques avions étaient toujours annoncés dans la journée à destination de la ville. Hier, pour la seconde journée consécutive, les rues de Wuhan étaient désertes, les commerces fermés et la circulation réduite au minimum. Le port du masque est obligatoire sous peine d'amende. Les hôpitaux étant débordés, la construction d'un site devant accueillir un millier de lits à Wuhan a commencé. Il doit être achevé… dans 10 jours, le 3 février, selon les médias publics. D'autres communes proches de Wuhan sont coupées du monde. A une centaine de kilomètres à l'est, une agglomération de deux millions d'habitants, Huangshi, a annoncé, hier, la suspension des transports publics et la fermeture d'un pont sur le Yangtsé. Au total, quelque 26 millions de personnes sont concernées par ces mesures au Hubei, une province de près de 60 millions d'habitants. «Urgence en Chine», selon l'OMS Les autorités chinoises ont annoncé qu'elles interdisaient l'accès à certaines sections de la Grande Muraille ainsi que celui menant à certains monuments emblématiques à Pékin, dans le cadre de mesures pour contrôler la propagation du coronavirus, nommé 2019-nCoV par l'OMS. Les tombeaux des Ming et la forêt des pagodes seront fermés à partir d'aujourd'hui à Pékin. Le célèbre stade national de Pékin, dit «nid d'oiseau», construit pour les Jeux olympiques de Pékin en 2008, gardera portes closes jusqu'au 30 janvier. La Cité interdite de Pékin, l'ancien palais des empereurs, a annoncé sa fermeture jusqu'à nouvel ordre. Les très populaires festivités du Nouvel An chinois qui devaient débuter hier ont été annulées afin d'éviter des millions de déplacements favorisant la contagion. A Shanghai, Disneyland a annoncé qu'il fermait ses portes. Montréal, le Cirque du Soleil a indiqué qu'il suspendait un spectacle en Chine à la demande des autorités. Après deux jours de conclave autour du virus chinois, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu «l'urgence en Chine», mais a jugé qu'il était «trop tôt» pour parler «d'urgence de santé publique de portée internationale». Au cours de la décennie écoulée, l'OMS n'a jusqu'ici utilisé ce terme que pour de rares cas d'épidémies requérant une réaction mondiale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l'Afrique de l'Ouest de 2014 à 2016 et la République démocratique du Congo depuis 2018. L'OMS a assuré qu'il n'y a pour l'instant aucune preuve de transmission entre humains en dehors de la Chine et qu'elle semble y être «limitée à des groupes familiaux et à des travailleurs de la santé». L'OMS ne recommande pas des restrictions de voyages, mais d'établir des dépistages dans les aéroports. L'Organisation a demandé aussi «à tous les pays» de mettre en place des mesures pour détecter les cas de coronavirus, contre lequel il n'existe pas actuellement de traitement ou de vaccin. A Davos, où se tient le Forum économique mondial, la Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies (CEPI) a annoncé que les essais cliniques concernant un premier vaccin pourraient avoir lieu «dès l'été». Des cas de contamination ont été annoncés en Asie (Hong Kong, Macao, Taïwan, Corée du Sud, Japon, Thaïlande, Singapour, Vietnam), mais aussi aux Etats-Unis. L'épidémie fait redouter une répétition du SRAS, un virus similaire, qui a tué quelque 650 personnes en Chine continentale et à Hong Kong entre 2002 et 2003. A l'instar d'autres pays à travers le monde, l'Algérie a décidé de réactiver le dispositif de surveillance et de contrôle, face au nouveau coronavirus chinois, au niveau des différents aéroports internationaux, notamment sur les vols en provenance de la Chine. «A notre niveau, le comité d'experts et les membres du Règlement sanitaire international, qui a ses représentants au niveau du ministère de la Santé, se sont réunis mardi et ont décidé de suivre quotidiennement l'évolution de ce virus, de mettre en place le plan de veille à partir d'aujourd'hui, tout en prenant en compte les décisions de l'OMS qui pourraient porter sur les restrictions aux voyageurs et autres mesures de prévention», a déclaré le docteur Djamel Fourar, directeur général de la prévention au ministère de la Santé. H. L. avec agences