Pour éviter d'être sous les projecteurs de l'Occident, les groupes terroristes en Afrique de l'Ouest ne déclarent pas de «califats», rusant pour «gagner du temps, s'entraîner, rassembler des forces et préparer des attaques qui pourraient finalement atteindre des cibles internationales majeures». Les groupes terroristes liés à Al Qaîda et à l'Etat islamique sévissant au Sahel «coordonnent» désormais leurs opérations pour prendre le contrôle de vastes territoires dans la région de l'Afrique de l'Ouest. Selon le Washington Post, qui citait hier le général de brigade Dagvin Anderson, chef des forces américaines pour l'Afrique (Africom), les terroristes, toutes bannières confondues, sont en train de «coaliser», de «coordonner» leurs attaques et de délimiter des zones d'influence «mutuellement convenues dans le Sahel». «Ce que nous avons vu n'est pas seulement des actes de violence aléatoires sous une bannière terroriste, mais une campagne délibérée qui tente de rassembler ces différents groupes sous une cause commune», a déclaré le général Dagvin Anderson en marge d'importantes manœuvres (exercice Flintlock) américaines en Mauritanie, qui réunit depuis le 17 février plus de 1600 soldats occidentaux et issus des pays incorporés du G5 Sahel. Danielle Paquette, la cheffe du bureau du Washington Post en Afrique de l'Ouest (basé à Nouakchott), a fait le tour de table d'une douzaine de hauts fonctionnaires et de chefs militaires américains, de France et d'Afrique de l'Ouest qui s'accordent sur la mutation en cours dans les stratégies des nébuleuses terroristes. Le gotha de la lutte, cité par Danielle Paquette, constate que les terroristes utilisent des «tactiques de plus en plus sophistiquées». Enracinés plus profondément au Mali, au Niger et au Burkina Faso, «ils attaquent les bases de l'armée et dominent les villages avec une force surprenante». Pour éviter d'être sous les projecteurs de l'Occident, les groupes terroristes ne déclarent pas de «califats», rusant pour «gagner du temps, s'entraîner, rassembler des forces et préparer des attaques qui pourraient finalement atteindre des cibles internationales majeures». Toujours en marge de Flintlock, des responsables US ont «rassuré» sur le fait que le ministère de la Défense «n'avait pris aucune décision portant transfert des ressources vers la région Asie-Pacifique pour contrer la Chine et la Russie». De Dakar, Mike Pompeo, secrétaire d'Etat américain, avait affirmé, dimanche dernier, que les Etats-Unis n'ont pas encore tranché la question de réduire ou non la présence américaine en Afrique. «Les Etats-Unis veilleront à faire ce qu'il faut», avait-il déclaré. Réunis à Lomé, au Togo, en janvier dernier, les président et chefs d'Etat de pays de l'Afrique de l'Ouest ont «pressé» les Etats-Unis de maintenir son dispositif militaire en Afrique.