Le baril de Brent a prolongé sa chute au niveau le plus bas depuis 2016, et le pétrole américain a connu sa plus forte baisse en 17 ans. Les prix de l'or noir évoluent ainsi en forte chute depuis lundi, dans le sillage de la surabondance de l'offre, et de la pandémie de coronavirus qui menace de bloquer l'économie mondiale et de ralentir la demande. Les marchés pétroliers sont soumis a une volatilité sans précédent, selon l'agence Bloomberg, la dernière fois que le brut coté à New York s'est échangé près de ce niveau, c'est lorsque le syndrome respiratoire aigu sévère, ou SRAS, a frappé l'Asie. Dans ce contexte de déprime qui touche l'économie mondiale, le cours du pétrole coté à Londres est tombé sous les 28 dollars, hier, pour la première fois depuis 2016, lesté par un niveau d'offre surabondant et une demande en chute libre en raison de la pandémie de coronavirus. Le pétrole de la mer du Nord pour livraison en mai avait terminé mardi à 28,73 dollars, en baisse de 4,4%. Par ailleurs, les contrats à terme à New York ont baissé, hier, sous les 26 dollars. Ils avaient chuté la veille de 4,2% pour atteindre 25,83 dollars le baril, le plus bas depuis mai 2003, prolongeant les pertes cette semaine à près de 18%. Alors que les décideurs du monde entier prennent des mesures sans précédent pour soutenir leurs économies des retombées du virus, l'effondrement de la demande et la surabondance de l'offre produite par les plus grands producteurs mondiaux – qui pratiquent aussi des prix bas, comme c'est le cas pour l'Arabie Saoudite – continuent de faire baisser les prix. Les prévisions des analystes tablent sur un baril à 20 dollars dans les prochains jours. Ainsi, Stephen Innes, stratège du marché Asie-Pacifique chez AxiCorp, interrogé par Bloomberg, prévoit que le pétrole pourrait chuter à 20-20 dollars le baril. Des craintes qui s'inspirent, entre autres éléments, de la décision de l'Arabie Saoudite d'expédier un record de 10 millions de barils par jour en avril. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale américaine a annoncé mardi le redémarrage d'un programme adapté aux situations de crise financière, dans le but d'endiguer l'impact économique du Covid-19. La déroute du pétrole dans le sillage d'une concurrence impitoyable entre les exportateurs qui fragilise notamment les producteurs les plus vulnérables, dont l'Algérie, a contraint l'Irak à exhorter l'OPEP et ses alliés à se regrouper pour des négociations. Avant que les pourparlers de l'OPEP+ ne s'effondrent au début du mois, l'Irak avait systématiquement ignoré les réductions de l'offre qu'il avait promises. Maintenant, le producteur a demandé au groupe OPEP non-OPEP de tenir une réunion pour examiner les mesures à prendre pour rééquilibrer le marché mondial du pétrole alors qu'une surabondance massive émerge, selon Bloomberg.