Jusqu'où le pétrole pourra-t-il plonger ? Inenvisageable il y a quelques mois, le prix de l'or noir pourrait s'effondrer pour atteindre 20 dollars. Cette hypothèse a été évoquée par Goldman Sachs. Dans une note publiée hier, la banque d'investissement américaine estime que le baril de Brent de la mer du Nord pourrait tomber à 20 dollars, "testant ainsi les niveaux de stress auxquels certains producteurs peuvent opérer". Goldman Sachs a également réduit ses prévisions pour les deuxième et troisième trimestres à 30 dollars le baril. Selon la banque américaine, "la guerre des prix du pétrole entre l'Opep et la Russie a commencé sans équivoque ce week-end". Le pronostic pour le marché du pétrole, analyse Goldman Sachs, "est encore plus sombre qu'en novembre 2014, quand une telle guerre des prix avait commencé pour la dernière fois, puisqu'il atteint son point culminant avec l'effondrement significatif de la demande de pétrole dû au coronavirus". Face aux incertitudes économiques causées par l'épidémie du nouveau coronavirus, les membres de l'Opep avaient tenté de conclure un accord avec les autres pays producteurs de pétrole pour réduire la production et maintenir les prix du brut. Mais la Russie, deuxième producteur mondial de pétrole et qui n'est pas membre de l'Opep, s'est opposée à une nouvelle réduction de 1,5 million de barils par jour. En réaction, l'Arabie saoudite s'est lancée dans une vaste braderie en effectuant la plus importante réduction de ses prix pétroliers en 20 ans, a rapporté, dimanche, Bloomberg News. Ainsi, le prix pour le pétrole à destination d'Asie a diminué de 4-6 dollars par baril, alors que celui pour les Etats-Unis a été réduit de 7 dollars par baril. Aramco a vendu son baril d'Arabian Light à un prix sans précédent : 10,25 dollars en dessous du baril de Brent de la mer du Nord, selon Bloomberg. Selon l'agence de presse Reuters, le royaume wahhabite prévoit également d'accroître sa production de brut à plus de 10 millions de barils par jour en avril. "Cela change complètement les perspectives des marchés du pétrole et du gaz, selon nous, et ramène à l'ordre du jour l'idée d'un nouvel ordre pétrolier, avec des producteurs à bas prix qui augmentent l'offre à partir de leur capacité de réserves pour forcer les producteurs à coûts plus élevés à réduire leur production", écrit Goldman Sachs, qui n'exclut pas un accord Opep+ dans les mois à venir. Les cours du pétrole poursuivent leur chute, la plus sévère depuis la guerre du Golfe en 1991. Vers 11h20 GMT (12h20 à Alger), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait 35,52 dollars à Londres, en baisse de 21,54% par rapport à la clôture de vendredi. À l'ouverture en Asie, il s'est effondré jusqu'à 31,02 dollars, un niveau plus vu depuis février 2016. À New York, le baril américain de WTI pour avril dévissait de 22,02% à 32,19 dollars. Vers 4h30 GMT, il est tombé jusqu'à 27,34 dollars. M. R.