En pleine crise épidémique du coronavirus l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, Raouf Bernaoui, a fait «glisser» en douceur, à travers une déclaration téléphonique accordée à un quotidien national, son retour à la tête de la Fédération algérienne d'escrime (FAE). En effet, si ce retour se confirme, cela constituerait un fait sans précédent, et ce, au regard de la violation de l'article 17 du décret 14/330 du 27 novembre 2014 qui stipule qu'«en cas d'absence ou de vacance du poste de président, le bureau fédéral doit se réunir en session extraordinaire dans les 15 jours qui suivent pour constater la vacance et designer un vice président par intérim qui sera charger de gérer transitoirement la fédération». On se souvient que le Dr Sid Ali Lebib, ancien président de la Fédération algérienne de judo, avait immédiatement démissionné de son poste lorsqu'il a été nommé ministre de la Jeunesse et des Sports, en 1993. Lebib avait également écourté son mandat au sein de l'instance arabe de judo. A cet effet, on pensait que «l'intérimaire» de la présidence de la FAE désigné pour assurer la vacance pour une période ne dépassant pas 60 jours allait organiser règlementairement l'assemblée générale extraordinaire (AGEX) conformément à la loi pour élire un nouveau président de la FAE afin de terminer le mandat jusqu'au 31 décembre 2020. Mais du coup, la Fédération algérienne d'escrime a pris tout le monde de vitesse en transgressant la loi au vu et au su de tous. Il s'agit d'un cas sans précédent où Bernaoui a enfoncé le clou en déclarant, le 1er avril dernier, dans le même journal : «Les membres de l'AG m'ont renouvelé leur confiance pour reprendre la tête de la fédération, mettant ainsi fin à l'intérim de Ameziane El Hocine.» Alors que cette «décision» dont se vante Bernaoui n'est, à aucun moment, la prérogative de l'assemblée générale ordinaire. Pourtant, cet ex-ministre sait que toutes les AGO sont consacrées aux bilans moraux et financiers. A moins qu'il y ait eu une volonté manifeste de changer sur mesure la loi, à l'occasion de l'AGO de la FAE, organisée le 7 mars dernier ! Là où le bât blesse, c'est que Bernaoui a noyauté ce «tour de passe-passe» en enchaînant : «L'Algérie va pouvoir qualifier environ cinq escrimeurs aux Jeux olympiques de Tokyo.» Histoire d'emballer le ministère de la Jeunesse et des Sports. C'est un vieux jeu. Car en 2016, Bernaoui, alors président de la FAE, avait pronostiqué au moins une médaille aux JO de Rio. Au bout du compte, la FAE n'a pas atteint le contrat d'objectif souscrit avec le ministère de tutelle, vu l'élimination dès le premier tour des deux représentants algériens qualifiés au Brésil, à savoir Anissa Khelfaoui et Victor Sintès (ancien champion du monde par équipe en 2005 avec l'équipe de France). Selon la réglementation du MJS, cela devait entraîner automatiquement l'inéligibilité de Bernaoui à se porter candidat du fait qu'il n'avait pas atteint l'objectif tracé. Malheureusement, seuls les présidents des Fédérations de boxe et de judo sont tombés sous le coup de cette décision de la non-réalisation des objectifs aux JO de Rio 2016. Faut-il rappeler, à propos du sombre bilan de Bernaoui, que le DJS de Tizi Ouzou, Rabah Chebbah, a été victime d'une injustice lors de son éviction de son poste sous prétexte que la loi interdit le cumul, vu que Chebbah occupait en même temps le poste de président de la Fédération algérienne de la lutte. Dans le même cas, Bernaoui a fermé les yeux pour le président de la Fédération de karaté, Slimane Mesdoui, qui est toujours DJS de Tiaret. Le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports Sid Ali Khaldi, qui a hérité d'un lourd dossier, hésite à appliquer la loi sur le cumul et autres dépassements restés jusqu'ici sans suite.