Contrairement à d'autres campus du pays, l'université Ferhat Abbas de Sétif I (UFAS), disposant pourtant d'un immense potentiel scientifique, ne s'est pas lancée dans les tests de dépistage du coronavirus (Covid-19). Pour le recteur de l'université de Sétif, une opération aussi complexe, exigeant des équipements et une grande maîtrise de l'aspect sécuritaire, n'est pas d'actualité. «Sans le consentement de nos chercheurs pas du tout outillés pour l'heure, il est hors de question de se lancer dans un tel projet exigeant au préalable l'aval des responsables de la recherche scientifique du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et de l'Institut Pasteur d'Algérie», souligne fermement le Pr. Abdelkrim Benaiche, recteur de l'UFAS. Sollicitées, les professeures Farida Djabi et Sahli Farida, respectivement chef du service du laboratoire central et responsable de l'Unité de microbiologie au CHU, apposent leur niet : «Le dépistage du Covid-19, qui se fait surtout par PCR, c'est-à-dire la détection du génome viral par technique de biologie moléculaire, ne peut se faire sans certaines conditions. Nous citons la sécurité biologique au niveau du laboratoire, la disponibilité de l'appareillage nécessaire et les réactifs. La sécurité biologique au niveau du laboratoire commence par une infrastructure adéquate à chaque manipulation des prélèvements contenant des agents biologiques aussi dangereux que le SARS-CoV-2. Les prélèvements doivent être manipulés dans des postes de sécurité microbiologiques (PSM2). De tels équipements font défaut dans notre laboratoire de microbiologie médicale. La disponibilité bien sûr des équipements de protection individuelle (EPI) est, en outre, exigée. La sécurité biologique a pour objectif de protéger le personnel, d'éviter la contamination des échantillons et, donc, d'avoir des résultats corrects et également d'empêcher la contamination de l'environnement», soulignent en préambule les deux chercheuses. Et d'enfoncer le clou : «Peut-on réaliser le dépistage du Covid-19 dans des unités dépourvues d'une hotte de sécurité permettant la manipulation du prélèvement à la recherche du bacille de Koch (BK), responsable de la tuberculose ? La réponse coule de source», fulminent les hospitalo-universitaires. Présidente du conseil scientifique du CHU, professeure Houria Zidani ne va pas par quatre chemins : «Le CHU de Sétif ne dispose, depuis sa création, que d'un laboratoire central qui devrait englober plusieurs laboratoires : biochimie, bactériologie, immunologie, parasitologie et toxicologie. Ces laboratoires qui constituent des spécialités à part entière ne sont que de simples unités au CHU de Sétif. Depuis les années 1980, la médecine a beaucoup évolué et des spécialistes de rang magistral, dans toutes les disciplines de laboratoire, ont pris en charge l'activité de ces unités en réclamant l'éclatement du laboratoire central et la création des services autonomes pour chaque spécialité. Depuis des années, et à chaque réunion du conseil scientifique, le problème est remis à l'ordre du jour. Le problème a été partiellement réglé avec la création des services de biochimie et de toxicologie inscrits dans le dernier organigramme du CHU/Sétif, mais il persiste pour la microbiologie, la parasitologie et l'immunologie. D'ailleurs, l'ordre du jour de la dernière réunion extraordinaire du conseil scientifique, tenue en février 2020, ne contenait que le sujet en question».