L'émir du Qatar cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani a effectué hier une visite officielle d'une journée à Alger, à la tête d'une importante délégation, au cours de laquelle il s'est entretenu avec le président Bouteflika. Officiellement, les discussions ont porté sur « les relations entre les deux pays frères et les moyens de les développer aux volets politique, économique et socioculturel ». Selon un communiqué de la présidence de la République algérienne, cette visite devait également offrir aux dirigeants algériens et qataris « l'opportunité de passer en revue les questions régionales et internationales d'intérêt commun et les derniers développements sur la scène arabe, notamment en ce qui concerne le processus de paix au Proche-Orient ». Le chef de l'Etat s'est entretenu avec l'émir du Qatar à la résidence d'Etat de Zéralda. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia, et le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP, ont pris part à cet entretien. Le président du Conseil des ministres et ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassim Ben Jaber Al Thani a été associé à ces discussions, à propos desquelles peu d'éléments ont filtré. L'agence officielle n'a en tout cas pas fait état de la conclusion d'accords entre les deux parties. Le black-out qui a entouré cette visite, à laquelle ont pris part les plus hauts responsables de la hiérarchie militaire algérienne, pourrait s'expliquer par le caractère sensible des sujets évoqués et qui ne seraient pas sans liens avec les développement que connait la situation au Proche-Orient, actuellement marquée par un regain de tension au Liban et qui risque de dégénérer à nouveau à n'importe quel moment. Cette tension est par ailleurs exacerbée par l'impasse dans lequel se trouve le processus de paix palestino-israélien. Aussi, il n'est pas exclu que cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, dont le pays joue depuis au moins ces deux dernières années un rôle de médiateur dans la région, soit venu solliciter l'aide de l'Algérie pour éviter une dégradation de la situation. L'hypothèse se tient, d'autant que les responsables algériens se sont, par le passé, impliqués avec succès dans le règlement de la crise libanaise et entretiennent de bonnes relations avec tous les leaders des pays de la région. La diplomatie qatarie, qui est également engagée à apporter sa contribution dans la résolution de la crise soudanaise, pourrait aussi solliciter les « conseils » des responsables algériens qui restent très attentifs à tout ce qui se passe dans la région du Sahel et même au-delà. Au plan des relations bilatérales, le président Bouteflika et l'émir du Qatar ont certainement dû se dire beaucoup de choses puisque les affaires se portent plutôt bien entre les deux pays. Les échanges de visites effectuées, de part et d'autre, par des délégations et de hauts responsables ont eu pour effet de booster la coopération bilatérale dans plusieurs domaines et secteurs. Cette dynamique s'est d'ailleurs traduite par la signature d'une dizaine d'accords et de mémorandums d'entente dans les domaines économique, culturel et scientifique, à l'issue de la 4e session de la commission mixte algéro-qatarie, tenue en janvier dernier à Alger. Il est à rappeler que les groupes qataris sont notamment présents en Algérie dans les secteurs du gaz et de la téléphonie mobile via Wataniya Télécom Algérie, filiale de Qtel. Le Qatar, qui dispose de l'un des plus grand fonds souverains du monde, pourrait se voir offrir de nouvelles opportunités d'investissement, surtout que les IDE en provenance des pays occidentaux se font de plus en plus rares.
