Bien qu'elles saluent la décision du gouvernement de lever les mesures de confinement sur leur activité, les agences de voyages ne connaissent toujours pas les aboutissants de cette démarche gouvernementale. «Il ne s'agit pas d'ouvrir juste pour ouvrir. Tant que les espaces aériens et maritimes ne sont pas ouverts, nous ne pourrons pas exercer.» Touchées par la première phase de déconfinement, les agences de voyages ont levé enfin leurs rideaux après près de trois mois de fermeture. Pour faire quoi ? C'est la question que se posent bon nombre de ces agences, notamment dans l'absence de visibilité par rapport à l'ouverture des espaces aérien, terrestre et maritime. En effet, bien qu'elles saluent la décision du gouvernement de lever les mesures de confinement sur leur activité, les agences de voyages ne connaissent toujours pas les aboutissants de cette démarche gouvernementale. «Il ne s'agit pas d'ouvrir juste pour ouvrir. Tant que les espaces aériens et maritimes ne sont pas ouverts, nous ne pourrons pas exercer. Même si nous voulons faire des voyages organisés à l'intérieur du pays, nous ne pourrons pas, étant donné que l'espace terrestre national est aussi fermé. La décision du gouvernement, bien que salutaire, manque de beaucoup de choses, notamment la visibilité par rapport à ce qui va venir. Nous ne savons pas si cette décision d'ouverture est une préparation pour une éventuelle levée de confinement sur les espaces de voyage», déclare Sofiane Ben Ali, propriétaire de l'agence de voyages S2S. Pour lui, cette décision manque de beaucoup de détails. En plus de cette incertitude, il cite la non-communication des mesures à mettre en place dans ces espaces recevant du public. Selon notre interlocuteur, le ministère avait annoncé la divulgation des mesures d'application de cette décision gouvernementale, mais, jusqu'à aujourd'hui, rien à l'horizon. De son côté, le Syndicat national des agences de voyages (SNAV) a rappelé les pertes colossales qu'ont endossées ces agences durant cette période de confinement, poussant certains à fermer définitivement et quitter le domaine. Le SNAV demande des mesures d'accompagnement afin d'aider ces intervenants dans le domaine du tourisme à se relever. Il demande un accompagnement financier, tel que des crédits sans intérêts et des exonérations fiscales et parafiscales. Nadjah Boudjelloua, secrétaire général de la Fédération nationale des agences de voyages va plus loin. «Depuis mars dernier, qu'il s'agisse d'agences spécialisées dans le tourisme à l'export ou réceptif, de tourisme de niche, MICE ou Hajj & Omra, l'ensemble de la profession est en sursis. Un arrêt qui a entraîné une baisse colossale dans le chiffre d'affaires de ces agences. A la lecture de communiqué de la chefferie du gouvernement, autorisant la reprise des activités de l'agence de voyages, nous avons observé une réaction immédiate de nos opérateurs de voyage, dénonçant cette décision. Vous conviendrez qu'il est impossible au voyagiste de procéder au redémarrage de son activité, étant donné que les autres secteurs des transports, de l'hôtellerie et autres activités transversales sont toujours à l'arrêt», déclare-t-il, avant de rebondir sur les propositions de sa fédération. La FNAT a proposé aux pouvoirs publics, en date du 15 avril passé, d'étudier de toute urgence des mesures de soutien spécifiques à la filière du voyage en Algérie, telles que la suspension du paiement des charges sociales patronales Casnos jusqu'à la reprise des vols et trafics aériens et la réouverture des hôtels à 100% et le report des déclarations et des paiements pour l'ensemble des obligations fiscales et parafiscales jusqu'au 31 décembre 2020. «Nous avons proposé de contraindre les organismes bancaires à faire preuve de solidarité en augmentant les lignes de facilités de caisse et en octroyant un crédit bancaire d'exploitation à taux zéro et le report des échéances de crédit ou rééchelonnement sur 12 mois et la prise en charge par nos assurances professionnelles de tout ou partie des pertes et frais engendrés par cet état de fait, en prescrivant ou en décrétant que le Covid-19 est un sinistre couvert par l'assurance professionnelle que nous sommes tenus de souscrire pour l'exercice de l'activité d'agent de voyage», ajoute M. Boudjelloua. Au moment où nous mettons sous presse aucune information n'est divulguée quant à une éventuelle reprise du trafic aérien, maritime et routier. Air Algérie : Plus de 3,8 milliards de dinars de pertes La compagnie aérienne nationale Air Algérie a enregistré 3,8 milliards de dinars de pertes suite à la suspension des liaisons aériennes imposée par la pandémie meurtrière de coronavirus (Covid-19). C'est ce qu'a déclaré Amine Andaloussi, chargé de la communication de cette compagnie à l'APS. «On ne peut pas avancer de date pour la reprise du trafic aérien des voyageurs. La décision d'ouvrir l'espace aérien est une prérogative du président de la République. Cependant, même si on décide de reprendre cette activité, on va le faire à hauteur de 30% de notre programme habituel, et on ne peut pas excéder les 40% d'ici la fin 2020. Un plan qui pourrait augmenter le déficit à 89 milliards de dinars d'ici la fin 2020», précise-t-il. Il a signalé que depuis la suspension des vols en mars dernier, 17 620 vols commerciaux d'Air Algérie ont été annulés. Une véritable reprise ne peut être envisagée que dans 3 ans, soit en 2023, voire 2025. Selon M. Andaloussi, Air Algérie, qui a rapatrié quelque 8000 Algériens bloqués à l'étranger, programmera dans les jours qui suivent des vols similaires. Il souligne que malgré cet arrêt d'activité, les charges de la compagnie ne se sont pas arrêtées, telles que la maintenance des avions, la location des sièges, les charges des fournisseurs et prestataires et évidemment les salaires. Le chiffre d'affaires d'Air Algérie ne dépasse pas les 65 milliards de dinars. A. B.