Notre pays est entrain de concevoir une riposte économique au sempiternel problème de l'extrême dépendance du pays des prix des hydrocarbures, paramètre sur lequel nous n'avons aucun contrôle. Si le problème était simple, il y aurait longtemps qu'on l'aurait résolu. Nous avons deux types de difficultés importantes à considérer lorsque nous voulons solutionner un défi d'une telle ampleur. Le premier serait d'ordre politique et les économistes n'ont aucune possibilité pour en venir à bout. Un problème politique se règle au sein de la sphère politique. C'est l'interaction des décisions administratives dans les choix techniques. D'ailleurs, c'est le problème numéro un des pays en voie de développement : l'interférence de la sphère politique dans les décisions techniques de choix de politiques économiques. Il y a toujours une interférence des décisions politiques dans la sphère économique même dans les pays développés. Parfois elle va même à contre courant de la profession scientifique. Lorsque les USA se sont retirés du traité de la COP21 de Paris contre l'avis de la vaste majorité des scientifiques américains on a eu une décision politique qui a primé sur la science. Mais dans les pays du tiers monde le nombre de décisions pareilles dépasse le seuil de la normalité et met en péril les performances économiques. Donc le premier défi que nous allons rencontrer serait le poids des décisions administratives par rapport aux avancées qui seront prodiguées par les scientifiques. C'est un défi majeur. Depuis plus de quarante ans ce sont souvent les décisions administratives qui avaient primé sur le reste. Sinon on aurait eu un système d'information pour éliminer les subventions pour tous et on aurait un système de bureau de changes pour avoir un dinar qui se vend selon sa parité réelle et éviter les surfacturations et la fonte des réserves. Mais quel rapport a ceci avec l'enseignement supérieur ? Enseignement supérieur et recherche : Place dans l'ordonnancement des réformes Beaucoup d'experts sont actuellement entrain de travailler sur un nouveau package de réformes qui constituent pour nous l'une des dernières chances de construire cette économie hors hydrocarbures diversifiée et compétitive. Des choix d'affectation de ressources vont s'opérer. Des priorités vont être dégagées en termes de financement et surtout en temps et importance allouées. Ainsi, on commence à parler de projets agricoles, industrielles et de certains services qui devraient s'avérer salutaires dans le futur. Mais très peu d'indications sont fournies sur la mère des réformes : celle de l'enseignement supérieure et de la recherche scientifique. Les responsables des secteurs savent que c'est le facteur clé de succès numéro un de toute réforme économique et par conséquent il faut configurer sa restructuration en même temps que tous les autres secteurs. Si la planification des réformes va se faire conjointement avec les mutations profondes les activités premières doivent commencer dans ce secteur. Ce sont les premières indications que l'on doit avoir en vue lorsqu'on passe à l'ordonnancement des réformes. La réforme efficace de n'importe quel secteur passe par l'efficacité dans le management des secteurs de la formation supérieure et la recherche scientifique. On veut améliorer le système éducatif : il faudrait alors former les ressources humaines du secteur, réformer l'ingénierie pédagogique, revoir les outils utilisés, expertiser le secteur et concevoir une nouvelle stratégie sectorielle. Et cela ne peux se faire qu'avec des experts formés puis recyclés par l'enseignement supérieur. On développer l'industrie : nous aurons besoin de qualifier les managers des secteurs, moderniser le savoir faire de l'encadrement administratif, hisser le niveau des ingénieurs en recherche et développement, en qualité et autres. Seul ce secteur pourra le faire. Nous voulons moderniser l'agriculture il nous reconstituer les types de semences compatible avec nos sols et climats, former les managers d'entreprises agricoles, développer des fermes pilotes etc. pour toute activité l'enseignement supérieur et la recherche scientifique est interpellée. L'erreur commune Nous devons coute que coute éviter les erreurs du passé qu'on reproduit depuis des décennies. C'est de dire on démarre d'abord les projets, les financements puis on ajuste au fur et à mesure que l'on avance. Cette manière de conduire les réformes mènera inéluctablement à l'échec. Les spécialistes qui conçoivent le package de réformes doivent concevoir concomitamment le projet spécifique avec son contenu dans l'enseignement et la recherche. Comment développer le blé dans les terres du sud ? Le projet d'investissement doit inclure le nombre d'ingénieurs à former par le MESRS, les nouvelles structures à créer, les fermes pilotes à financer, les projets de recherches à démarrer instantanément et à pourvoir en fonds. Si bien que le projet avance en même temps au sein des deux institutions coordonnées par l'entité chargée de mettre les réformes en cohérence. Par le passé, les deux institutions essayaient de coordonner mais les plans conçus se faisait à l'intérieur de chaque instituions sans la concertation institutionnelle nécessaire. Il serait long et fastidieux détailler les détails techniques d'une telle conception de l'ingénierie globale des réformes. Mais force est de constater que la locomotive nationale devrait être l'enseignement supérieur et la recherche scientifique. Il faudrait alors le doter des moyens et de l'autorité nécessaires pour faire réussir l'ensemble des politiques sectorielles du pays. D'abord par sa mise à niveau aux standards internationaux. Des partenariats lourds sont nécessaires afin de moderniser l'environnement pédagogique et la recherche. Le secteur public en serait l'acteur majeur mais le privé aurait aussi un rôle important à jouer. De nombreuses restructurations et modernisations managériales doivent avoir lieu en priorité dans ce secteur. C'est une opération qui va conditionner le reste des réformes. Il faut savoir qu'un pays ne peut pas se hisser à un niveau plus élevé que ce que peut lui permettre son système d'enseignement supérieur. Si notre enseignement supérieur a un niveau de 4/10 alors les performances économiques ne peuvent grimper qu'à 3/10. Alors poussons notre secteur au niveau 8 pour avoir une économie aux performances de 7/10 c'est-à-dire une économie émergente.