Les travaux du complexe sportif de 50 000 places couvertes de Tizi Ouzou sont à l'arrêt depuis mai 2019, alors que le chantier a enregistré un taux d'avancement physique estimé à 80%. Des scénarios de relance du projet sont évoqués par l'administration de wilaya et le MJS, mais rien de concret jusqu'à présent. «Pour les autres stades, Oran, Baraki, Douera, les entreprises engagées sont toujours là et n'ont jamais eu de soucis, contrairement à Tizi Ouzou. Nous savons tous ce qui est arrivé à l'entreprise ETRHB Haddad. Même les autorités supérieures veulent une reprise des travaux le plus tôt possible, et ça se dirigeait vers une résiliation aux torts exclusifs de l'ETRHB, vu que cette dernière est défaillante. Le contrat prévoit les cas de résiliation et il y en a eu beaucoup. Comprenez que si on résilie avec l'ETRHB, cela veut dire que le marché de Mapa Turquie sera résilié automatiquement, étant donné que les Turcs ne sont que des sous-traitants de l'ETRHB Haddad. Ils (les Turcs) n'ont pas de contrat avec l'Etat algérien. Ce dernier, pour les travaux du stade, paye l'ETRHB en dinars qui, elle, paye Mapa en dinars et en devises. C'est cela justement qui fait hésiter le maître d'ouvrage (direction de la jeunesse et des sports et la wilaya) à signer officiellement la décision de résiliation. Il craint de ne pas pouvoir trouver une autre entreprise pour terminer les 15% de travaux restants si Mapa, qui a fait tous les travaux, quitte le chantier», nous confie une source proche de ce dossier. 25 MILLIARDS DE DINARS POUR LES «TRAVAUX» DU STADE Notre interlocuteur révèle par ailleurs que la somme de 50 milliards de dinars rapportée dans la presse représente l'autorisation du programme, pas les paiements. Le stade de football de 52 000 places seul va coûter à la fin, côté travaux, 25 milliards de dinars (MDA) et il y a eu le paiement de 16,50 MDA. Concernant le stade d'athlétisme de 6500 places, le plus grand d'Algérie, ajoute-t-il, cela va coûter 1,90 MDA et la DJS en a déjà payé 950 millions dinars. Les travaux à l'extérieur, à savoir les réseaux d'assainissement, eau, électricité, arbres, routes, murs de soutènement, parkings, terrains d'entraînement, reviendront à 5,50 MDA, dont 4,20 MDA payés jusqu'à maintenant, détaille notre source. Selon le même responsable, il a été payé côté travaux sur ces 3 entités un montant de 23,90 milliards de dinars. «Il reste encore de l'argent sur le projet pour terminer les travaux restants. Il n'y aura pas de rallonge et il n'y a jamais eu une dépense de 50 MDA», soutient-il. Ce projet, confié au groupement d'entreprises algéro-turc Etrhb Haddad et Mapa Insaat, a connu plusieurs reports de délais de livraison. La première date prévue pour sa réception avait été initialement fixée à avril 2014. La même année, l'entreprise espagnole a été remplacée par la turque Mapa, pour donner un coup d'accélérateur au projet qui accusait un retard sensible. A l'été 2018, un problème d'insuffisance de crédits destinés à prendre en charge les approvisionnements en matériaux de construction et d'équipements de l'étranger avait débouché sur une grève des travailleurs qui réclamaient la régularisation de leur situation salariale. COUP D'ARRÊT EN MAI 2019 Mai 2019, le futur complexe a connu un arrêt général des travaux en raison de la fin du délai contractuel. Pour notre source, «l'ETRHB n'existe pas et n'a jamais existé dans ce projet, elle a tout délégué à l'entreprise turque Mapa, qui joue le rôle de sous-traitant principal et de chef de projet. A la DJS de Tizi Ouzou, il y avait un intérimaire et même celui d'avant a été relevé de ses fonctions par sa tutelle en décembre 2019». Les péripéties qu'a connues cette infrastructure pour sa livraison, l'abandon des travaux par les entreprises réalisatrices ainsi que son coût jugé excessivement élevé ont amené l'APW de Tizi Ouzou à réclamer, en février dernier, une commission d'enquête. Un député, ayant saisi par courrier le ministère de tutelle, a estimé qu'«une enquête doit être diligentée pour révéler les raisons de ce retard et les dépenses effectuées véritablement dans l'exécution des opérations de réalisation des travaux constatés jusqu'à présent», en rappelant que les travaux de ce stade ont été entamés en 2010 et qu'il devait être initialement livré en 2014. «Je porte, personnellement, une grande attention au stade de Tizi Ouzou, dont la réalisation a enregistré beaucoup de retard. L'entreprise en charge de la construction a connu des problèmes. Nous avons mis en place une nouvelle approche avec le wali de Tizi Ouzou afin de relancer les travaux», avait promis, début mai 2020, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi. Ce projet d'envergure, englobant un stade de 50 000 places, un terrain de réplique, un stade d'athlétisme et un parking, a été inscrit le 27 mai 2005. Les travaux ont démarré en mai 2010 pour un délai de réalisation de 40 mois. L'autorisation de programme actuelle (AP) de ce projet est de 52 698 000 000,00 DA, selon un document de la DJS. L'engagement et le paiement cumulés au 30 novembre 2019 s'élevaient respectivement à 48 271 101 422, 77 DA et 37 074 291 921,18 DA est-il relevé.