Alors que la prestigieuse et controversée revue scientifique The Lancet affirme, dans une étude publiée vendredi, que le vaccin présenté il y a un mois par Vladimir Poutine produit des anticorps sans entraîner d'effets indésirables graves, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) promet de «ne pas cautionner un vaccin s'il n'est pas sûr et efficace». «Nous avons un bon nombre d'entre eux (des vaccins) qui sont prometteurs. Ils ne seront utilisés que lorsqu'il aura été établi qu'ils sont efficaces et sûrs, c'est ce que je voudrais assurer au monde», a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d'une conférence de presse, en rappelant que l'OMS et les autorités nationales se chargeront de l'évaluation des vaccins. «Je tiens à assurer le public que l'OMS ne cautionnera pas un vaccin qui n'est pas efficace et sûr», a assuré le chef de l'OMS. L'organisation onusienne avait déclaré il y a quelques semaines : «Nous sommes en étroit contact avec les Russes et les discussions se poursuivent.» Et de préciser que la pré-qualification de tout vaccin passe par des procédés rigoureux. «La pré-qualification comprend l'examen et l'évaluation de toutes les données de sécurité et d'efficacité requises, recueillies lors d'essais cliniques», avait déclaré Tarik Jasarevic, le porte-parole de l'OMS, lors d'une visioconférence de presse, soulignant que le processus serait le même pour tout candidat-vaccin. En sus des validations accordées dans chaque pays par les agences nationales, «l'OMS a mis en place un processus de pré-qualification pour les vaccins mais aussi pour les médicaments. Les fabricants demandent la pré-qualification de l'OMS, car c'est une sorte de gage de qualité», a-t-il insisté. Par ailleurs, de nombreux scientifiques avaient émis des doutes sur l'efficacité du vaccin russe dès l'annonce, en mois d'août dernier. Danny Altmann, professeur d'immunologie à l'Imperial College de Londres, avait déclaré à CNBC qu'il n'y a «aucun moyen de savoir» si le vaccin est sûr, et que le fait que la Russie n'ait publié aucune donnée concernant ses premiers essais cliniques était «très, très inhabituel». Daniel Salmon, directeur de l'Institut d'études sur les vaccins de l'université Johns Hopkins, a de son côté qualifié la nouvelle de «vraiment effrayante». A noter qu'à ce jour, la course se poursuit pour la découverte du vaccin contre le Sars-CoV-2, à l'origine de plus de 25,3 millions de cas de contamination dans le monde et quelque 847 000 décès. Cinq vaccins sont en phase 3 de tests auprès de milliers de personnes et plusieurs développeurs ont été subventionnés pour lancer la fabrication des doses en parallèle des essais afin d'être prêts à livrer des millions de doses en 2021, voire dès octobre et la fin 2020. L'université d'Oxford, associée au groupe pharmaceutique suédo-britannique AstraZeneca, espère des résultats dès septembre, tandis que la biotech américaine Moderna, associée aux Instituts américains de santé (NIH), vise la fin de l'année, peut-être novembre.Pour l'heure, aucun vaccin expérimental n'a prouvé son efficacité contre le nouveau coronavirus dans des essais cliniques aboutis, mais au moins 5,7 milliards de doses ont déjà été pré-achetées dans le monde.