Les questions liées aux chaînes télé, qui sont de droit étranger et qui émettent à partir de pays tiers, continuent de susciter de nombreuses interrogations, dont la plus récurrente a trait à leur mise à niveau. En attendant, nous subissons, malgré nous, le même vandalisme des ondes, qui déborde sur l'aire dévolue au respect collectif. C'est une torture d'un autre genre, à travers les tourments moraux infligés. On reste sans voix face à ces dépassements qui frôlent parfois l'indécence. La rue n'a pas assez de qualificatifs pour désigner ces chaînes, qui outrepassent leurs missions. Depuis leur avènement, on s'interroge ici et là sur leur statut, leur cahier des charges, leur financement, leur rapport à l'Etat et ses démembrements, à l'ARAV… Ces chaînes qui émettent à la sauvette sont obnubilées par l'attirance d'un public, peu enclin à la lecture, à la connaissance, au savoir et à l'ouverture de l'esprit et sur le monde. Elles s'escriment à arracher le maximum de téléspectateurs, en tentant de faire sensation, en piétinant les valeurs et la morale. Ces chaînes croient étaler leur liberté dans l'irrespect des autres. Et au lieu de construire, elles détruisent. Le public averti ne s'y aventure pas. Il sait faire la part des choses, en ne confondant pas les genres. Mais les autres, ceux qui ne possèdent pas l'armature nécessaire pour distinguer le bon grain de l'ivraie et discerner entre le bien et le mal ? Les scènes qui frisent l'indécence, qui suggèrent la violence y sont légion. Cette banalisation de la violence est dangereuse, puisqu'incrustée dans l'inconscient des gens, les incitant à la reproduire dans leur quotidienneté. Ici, on a foulé aux pieds les principes de la déontologie, de l'éthique et de nos valeurs, qui imposent le minimum de respect. Or, ce respect- là, même s'il relève plus d'un consensus de mœurs et d'opinions que de l'observance d'une loi est souvent agressé. Sans oublier ces rebouteux de l'âme qui viennent dispenser leurs recettes miracles d'un autre âge ou ces «experts» qui viennent nous éclairer avec la lampe d'Aladin, et qui trouvent en ces canaux des espaces propices pour propager leur «science». Devrait-on continuer à les tolérer, en les considérant comme des défouloirs expéditifs, alors qu'elles sont, jusqu'à preuve de leur remise en ordre, des matières inflammables, voire des armes de guerre ! Le dicton dit : «Plus on est le voyeur de toutes les réalités, plus on décroche de la réalité.» Finalement, on en arrive à la conclusion que cette faillite, cet échec à transmettre des codes, des idées et des valeurs cimentant la collectivité, contribuent, au contraire, à sa déstructuration, à cette perte de règles, qui font le lit de l'incivisme et des incivilités. Advertisements