Les Etats-Unis ont formellement retiré hier le Soudan de leur liste des pays soutenant le terrorisme, rapportent des médias. La mesure intervient moins de deux mois après que Khartoum ait accepté de normaliser les relations avec Israël. Le 23 octobre, le président américain, Donald Trump, a annoncé son intention de retirer le Soudan de la liste des Etats soutenant le terrorisme après l'accord de Khartoum de normaliser ses relations avec Israël. «La période de notification au Congrès américain de 45 jours ayant expiré, le secrétaire d'Etat a signé une notification annulant la désignation du Soudan comme un Etat soutenant le terrorisme. La mesure est effective à compter de ce 14 décembre, date à laquelle elle sera inscrite au Journal officiel», a indiqué l'ambassade des Etats-Unis à Khartoum sur sa page Facebook. Un peu plus tard dans la journée, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a estimé que le retrait officiel du Soudan de la liste noire des Etats-Unis sur les Etats soutenant le terrorisme constitue «un changement fondamental» dans les relations entre les deux pays. «Nous saluons les appels du peuple soudanais en faveur de la liberté, de la paix et de la justice et nous félicitons les membres du gouvernement de transition dirigé par des civils pour leur courage dans leur réponse aux aspirations de leurs concitoyens», a-t-il déclaré dans un communiqué. «Félicitations au peuple soudanais», a tweeté de son côté le président du Conseil de souveraineté, la plus haute instance exécutive au Soudan, le général Abdel Fattah Al Burhane. «Après deux décennies, j'annonce à notre peuple que notre patrie a été retirée de la liste» noire américaine et que «l'embargo international auquel elle a été soumise en raison du comportement du régime précédent» est levé, a écrit sur page Facebook le Premier ministre, Abdallah Hamdok. «Nous sommes de retour au sein de la communauté internationale (…). Cela va aider le gouvernement transitoire à favoriser l'investissement et le transfert d'argent et les jeunes à trouver du travail.» Les Etats-Unis ont imposé en 1993 ces sanctions après avoir accusé Omar El Béchir d'entretenir des relations avec des «organisations terroristes», notamment le réseau Al Qaîda, dont le chef Oussama Ben Laden a séjourné dans ce pays dans les années 1990. Le retrait de la liste noire devrait permettre au pays de relancer son économie, qui a souffert des sanctions américaines, de la mauvaise gestion, des conflits armés sous El Béchir, de l'indépendance du Soudan du Sud qui a privé Khartoum de ressources importantes de devises grâce au pétrole et de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. L'inscription sur la liste noire empêche les pays étrangers de commercer et d'investir au Soudan. En octobre, les autorités soudanaises ont nié tout «chantage» en acceptant, sous la pression américaine, d'établir des liens avec Israël. D'autant que, ce n'est qu'après l'accord soudanais à cette normalisation que le président Trump a effectivement notifié au Congrès américain le retrait du Soudan de la liste noire. En parallèle, Khartoum attend d'obtenir l'immunité légale dans des affaires liées à des attentats passés, qui nécessite une loi, objet de tractations au Congrès. Cette décision s'inscrit dans un accord qui prévoit le versement par le Soudan de 335 millions de dollars de dédommagements aux familles des victimes des attentats perpétrés en 1998 par Al Qaîda contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie (plus de 200 morts), au motif que les autorités soudanaises de l'époque ont hébergé auparavant Oussama Ben Laden. Le Soudan a récemment exprimé son impatience, relevant que certains «engagements politiques et économiques» n'ont «pas été respectés» par Washington. Il a prévenu que ce blocage pourrait «retarder l'application de l'accord» de normalisation avec Israël. Depuis l'ère Obama Les Etats-Unis ont renoué avec Khartoum sous l'ex-président démocrate Barack Obama, quand Omar El Béchir a commencé à coopérer dans la lutte antiterroriste et à contribuer à la paix au Soudan du Sud. Début 2011, Washington se dit disposé à normaliser les relations avec Khartoum après le vote sur l'indépendance du Soudan du Sud. Néanmoins, en septembre, l'émissaire américain Princeton Lyman estime que les conflits dans les régions du Nil bleu et du Kordofan du Sud constituent des obstacles à l'amélioration des relations. Début 2017, Barack Obama annonce la levée de certaines sanctions dans un délai de six mois, saluant la coopération de Khartoum pour «répondre aux conflits régionaux et à la menace du terrorisme». Son successeur, Donald Trump, prolonge le délai de trois mois. En octobre, les Etats-Unis renoncent à l'embargo, maintenant des sanctions sur les armes. En décembre 2019, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo annonce que son pays nommera un ambassadeur au Soudan pour la première fois depuis 23 ans, lors d'une visite à Washington du nouveau Premier ministre, Abdallah Hamdok. Washington retire le Soudan d'une liste noire des pays «particulièrement préoccupants» en matière de liberté de religion. En février dernier, le général Abdel Fattah Al Burhane rencontre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, en Ouganda. Le 6 avril, le Soudan trouve un accord d'indemnisation avec les familles des 17 marins victimes d'un attentat en 2000 contre le destroyer américain USS Cole au large du Yémen. La justice américaine juge le Soudan responsable de l'attaque, revendiquée par Al Qaîda. En août, le Soudan écarte une éventuelle reconnaissance d'Israël avant la fin de la transition politique en 2022, lors d'une visite de Mike Pompeo. En septembre, le Soudan affirme avoir réuni les indemnités réclamées par Washington pour les familles des victimes américaines des attentats contre les ambassades de 1998. Le 20 octobre, D. Trump annonce qu'il compte retirer le Soudan de la liste noire une fois la somme versée. Le 23, la Maison-Blanche confirme le versement par Khartoum de l'indemnisation. Advertisements