Constituée dans sa partie nord de reliefs montagneux, soit 60% de sa superficie, et mouillant, côté sud, son pied dans l'oued Seybouse, la petite commune de Djeballah Lekhmissi, d'environ 4000 habitants, est pauvre. Elle n'a aucune ressource. La recette annuelle n'est que de 850 000 DA, argent provenant de quelques loyers et de prestations d'AEP, encore que l'AEP et la qualité de l'eau laissent à désirer, comme on le verra plus tard. Une somme qui ne couvre même pas le salaire des travailleurs chargés des prestations de l'AEP, une somme dérisoire comparée à la masse salariale, qui s'élève annuellement à 10,2 MDA. La commune attend la subvention d'équilibre pour régler ses comptes. Une commune pauvre qui a énormément souffert du terrorisme et perdu quelques-uns de ses enfants, dont l'ancien maire et DEC Djeballah Salah dit Bachir, assassiné en 1995 au siège même de l'APC par un groupe terroriste. A vocation agropastorale, la commune n'en fait pas profiter ses habitants, puisque plus de 100 familles ont dû déserter leur mechta et se sont installées, qui dans cette même commune, dans des gourbis à Sidi Smir, qui dans celles limitrophes. En vue d'encourager les fellahs et les éleveurs à regagner leur mechta, dans le cadre du programme pour le développement rural (PPDR) comprenant plusieurs secteurs (agriculture, forêts, hydraulique, etc.), l'APC a préparé et présenté un dossier devant la commission de la daïra de Guelaât Bou Sbaâ pour approbation. C'est un programme étalé sur cinq ans, dont l'argent devant le financer cette année est prêt, selon Saâdoune Mouassa, P/APC de Djeballah Lekhmissi. Il s'agit entre autres de la mise en valeur de proximité, c'est-à-dire devant chaque maison ou ferme, comprenant la construction ou la réfection de l'habitat rural. Les bénéficiaires de ce programme sont au nombre de 134. A propos d'habitat rural, 120 autres demandes sont enregistrées à l'APC. Quant au logement social, on compte 268 demandes pour 10 logements du programme 2004, dont les travaux vont être lancés. Mais le grand problème de Djeballah Lekhmissi réside dans le fait que, mis à part les logements de fonction, pratiquement toutes les constructions constituant le village sont illicites. A l'origine de ce village appelé en ce temps-là Lihoudia, ce sont des familles qui étaient venues après l'indépendance s'agglutiner autour de la « cité de recasement » de 80 logements datant de la période de la guerre de Libération nationale. La régularisation de ces constructions est rendue difficile du point de vue pécuniaire pour les habitants, qui demandent qu'on les aide en revoyant l'assiette au prix de ce temps-là. Cela explique pourquoi il n'y a pas assez d'activités commerciales au village, et qu'en dehors des travaux agricoles, beaucoup de jeunes sont au chômage. Au niveau des services de la commune, on a enregistré dernièrement 85 demandes d'emploi émanant de jeunes hommes, et 140 autres de jeunes filles. Lors de sa visite en 2004, le ministre de la Formation professionnelle a encouragé les APC ayant des locaux à lancer des antennes relevant de son secteur. En coordination avec le centre CFP filles Saâb Ali de Guelma, l'APC a ouvert au début de décembre 2004 une antenne avec 45 filles suivant une formation dans les filières de la couture, l'informatique et la coiffure. L'opération a été lancée avec les moyens modestes de l'APC qui a ainsi payé les encadreurs les deux premiers mois dans le cadre de l'emploi de jeunes. « Mais à partir de février, ils seront en principe pris en charge par ce CFP », nous dit le P/APC. Il faut ajouter aussi la formation à distance de 21 femmes au foyer. Autre problème : Djaballah Lekhmissi est encerclée par les terres privées, d'où l'impossibilité de son extension, d'autant plus que l'APC est dans l'incapacité de payer les terres se trouvant à l'intérieur du POS 2. Selon certains habitants, l'eau est distribuée un jour sur deux pendant une durée d'une heure. Et puis, c'est une eau étrange, qui ne fait pas bouillir le lait, ni cuire les légumes secs, ni mousser le savon. Un habitant dira qu'il se lave le matin à Djeballah Lekhmissi puis une deuxième fois à Boumahra Ahmed, une autre commune, pour se réveiller complètement et partir pour Guelma ! Une eau pleine de duretés. Selon le P/APC, « les problèmes en matière d'AEP seront résolus avec la réalisation du projet de la conduite joignant Guelma à Bouchegouf et passant par Djeballah Lekhmissi ; normalement au mois de juin, tout sera prêt ». Depuis que les terroristes ont incendié deux bus et un tracteur, la commune souffre en matière de transport. Si le tracteur a été remplacé, il n'y a toujours pas de bus, pas même celui dit de solidarité dont ont bénéficié certaines communes. Pourtant Djeballah est concernée au premier chef. Plus de 100 lycéens font le déplacement dans plusieurs localités quotidiennement. Par ailleurs, 23 km séparent le chef-lieu de commune de celui de daïra, et quotidiennement pour la paperasse on doit faire 12 km de plus, passer par Guelma pour gagner Guelaât Bou Sbaâ, et ce, à cause de l'état lamentable dans lequel se trouve le chemin de wilaya 126, faisant de Djeballah Lekhmissi la jonction à la RN 21, au niveau d'Héliopolis. Nous l'avons pris. Terrible ! Outre des endroits dangereusement affaissés, la route longe à un moment donné la décharge publique de Guelma et par endroits elle est carrément ensevelie de détritus ! Pas de sport à Djeballah Lekhmissi, et ce ne sont pas les sportifs qui manquent, ni les infrastructures d'ailleurs. Créée il y a une année, l'association sportive veut bien faire activer les jeunes, mais il lui manque le nerf de la guerre...