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Evaluations pour 2020, perspectives pour 2021 et intégration économique comme facteur de relance économique Le Maghreb face à la pandémie de la covid-19
Les pays du Maghreb face à une pandémie dévastatrice qui fait ressortir leurs vulnérabilités Dès fin mars 2020, les pays du Maghreb prenaient des mesures strictes afin d'endiguer la propagation de la Covid-19 et contenir les impacts économiques et financiers de la fermeture de pans entiers de l'économie. L'Algérie, en tant que pays exportateur de pétrole de la région, a dû, pour sa part, affronter de plus un choc pétrolier violent qui a causé une chute de la demande et des prix du pétrole et aggravé les déséquilibres. Sept mois plus tard, la seconde vague de contamination met de nouveau la pression sur des ressources publiques rares, exacerbe les dommages économiques et fait ressortir pleinement les vulnérabilités des économies de la région, notamment : (1) La forte dépendance vis-à-vis de la du secteur des services, tourisme y compris, rudement touché (Maroc et Tunisie) ; (2) la prédominance du secteur du pétrole (Algérie) ; (3) le faible développement technologique qui contraint la capacité à travailler à distance (ensemble des pays du Maghreb) ; et (4) la dépendance à l'égard des envois de fonds (Algérie, Maroc et Tunisie). Face à cet environnement incertain et difficile, les autorités doivent trouver un équilibre entre les priorités à court terme (continuer à protéger la santé publique, atténuer les pertes de revenus des populations, préserver l'emploi dans la mesure du possible et fournir des liquidités aux entreprises qui ont un business plan crédible) et les impératifs à moyen terme visant à restaurer les marges de manœuvre budgétaires, faire face aux vulnérabilités structurelles et augmenter la productivité en engageant des investissements publics dans les secteurs porteurs (verts et numériques). Dans ces circonstances, les gouvernements doivent se doter de plans de réformes à moyen terme cohérents visant à diversifier les activités économiques, élargir les bases d'exportation, favoriser une plus grande ouverture commerciale, pousser vers une plus grande participation à des chaînes de valeurs mondiales et améliorer la qualité des produits. Sans conteste, il faudra au niveau de chaque pays faire preuve de vision à long terme et explorer la possibilité de réactiver le processus d'intégration économique externe selon une approche en cercles concentriques en commençant par le voisinage, ensuite le continent et en dernier l'espace mondial pour intensifier les échanges commerciaux, créer des nouvelles sources de croissance et se protéger contre les chocs à venir. L'article fera d'abord une présentation synthétique des 4 pays du Maghreb (excluant la Lybie en plein conflit armé), passera ensuite en revue les grandes lignes des plans d'urgence mis en place pour combattre la pandémie, discutera d'un certain nombre d'indicateurs-clés relatifs à chaque pays de la région pour 2020 et 2021, soulignera la gravité de la pandémie et le lent retour à la situation prévalant en 2019 et présentera la question de l'intégration économique régionale, y compris une analyse des effets macroéconomiques. Présentation synthétique des économies des pays du Maghreb : un ensemble divers mais complémentaire Trois points à souligner : (1) Le positionnement de la région : cette dernière est un trait d'union entre l'Europe (Nord), l'Afrique sub-saharienne (Sud) et le Moyen Orient (Est), une position privilégiée sur le plan économique, d'autant plus que tous les pays disposent d'une façade maritime importante qui permet de faciliter les échanges commerciaux et de miser sur des activités bleues au sens large du terme ; (2) la structure économique : elle varie d'un pays à un autre, ce qui en fait un vecteur de complémentarité. Dans cet ensemble d'environ 100 millions d'habitants, l'Algérie est la plus grande économie et émerge comme un pays à revenu intermédiaire. Du fait de la prépondérance du secteur des hydrocarbures, l'économie algérienne fait face à d'importants défis en raison des chocs pétroliers à répétition (1986, 2014 et 2020). En second, vient le Maroc, pays à revenu intermédiaire et producteur régional de produits agricoles, de voitures et d'engrais, et de services. Sa structure de production le rend vulnérable à la volatilité de la production agricole et de la demande extérieure. Pour ce qui est de la Tunisie, petit pays à revenu intermédiaire, c'est un important producteur régional de composants électriques, de machines légères et de pièces d'équipement, d'huile d'olive et de vêtements et une destination touristique de masse. La Tunisie est confrontée à un certain nombre de chocs intérieurs et extérieurs, notamment depuis 2011, empêchant toute reprise solide. L'économie de la Mauritanie repose sur l'exportation du minerai de fer (sujet au défi de la volatilité des prix des métaux) et la pêche. Pour compléter le tableau, notons que la Libye, également grand exportateur de pétrole et de gaz et pays à revenu intermédiaire, est en guerre civile depuis 2011 avec de graves conséquences économiques et sociales ; et (3) les défis communs : à tous les pays de la région est la résilience économique et la faiblesse de la croissance qui ne permet pas de résorber le problème de l'emploi (affectant notamment la jeunesse) et de réduire la pauvreté. Un examen des données statistiques du FMI fait ressortir un taux de croissance moyen de 3,7% entre 2000-2016 qui chute à environ 2,5% en moyenne au cours des trois dernières années (2017-2019), entraînant ainsi un certain recul au cours des trois dernières années du niveau de vie. Le taux de chômage pondéré en fonction de la population reste élevé, à environ 11% globalement et environ 25% pour les jeunes (15-24 ans). Les lignes directrices des plans d'urgence anti-pandémie des pays du Maghreb Examinons les mesures générales de protection, les grandes lignes des programmes d'urgence, la nature du soutien à l'activité économique et la sollicitation des appuis auprès du FMI. (1) Pour le premier point, les 4 pays ont connu leur premier cas de contagion par le virus de la Covid-19 au début de mars 2020 et ont procédé à la fermeture de nombreuses activités non essentielles et des frontières, limité les déplacements non essentiels des populations, mis en place des couvre-feux et interdit des rassemblements de personnes. Les quatre pays ont rouvert leurs économies et ont assoupli les mesures restrictives fin mai/début juin. La seconde vague tant redoutée a frappé le Maghreb en septembre /octobre 2020 et a causé des dommages supplémentaires en vies humaines et sur les plans économique et financier ; (2) pour le second point, les gouvernements des quatre pays ont adopté des plans d'urgence visant à protéger la santé des citoyens, soutenir les populations, notamment les plus vulnérables, protéger l'emploi et apporter des liquidités aux entreprises affectées par les fermetures de nombreux secteurs d'activité. Outre la création de fonds spécifiques pour gérer la pandémie (fonds d'urgence en Mauritanie et fonds spécial au Maroc), les plans d'urgence incluent des mesures globalement similaires au niveau : (i) budgétaire (report des paiements de certains impôts, allégement des impôts et droits de douane, subventions aux populations vulnérables, dépenses supplémentaires de santé, augmentation des plafonds d'endettement extérieur) ; (ii) monétaire (baisse des taux directeurs et des taux de réserves obligatoires, opérations d'open market à 1 mois, prolongement des délais de remboursement de certains prêts sans recours au provisionnement, baisse des décotes sur les titres publics admis au refinancement) ; (iii) macro prudentiel (assouplissement de certains ratios de solidité financière) ; (iv) de l'atténuation de la volatilité des bourses (révision à la baisse les seuils maximaux de variation applicables aux instruments financiers cotés en bourse – Maroc) ; (v) de la politique de change sous la forme de dépréciation du taux nominal (Algérie) et d'un élargissement de la plage de fluctuation du taux de change nominal (Maroc) ; et (vi) de la balance de paiements (rationalisation des importations pour les 4 pays du Maghreb) ; (3) pour le troisième point relatif au soutien à l'activité économique, les dispositifs prévus varient, incluant un véritable programme de relance budgétaire (Algérie- $583 millions), la création d'un fonds d'investissement (Tunisie pour un montant de $220 millions) et un fonds de garantie (sans décaissement d'argent frais au Maroc soit $13 milliards) ; et (4) pour le quatrième point, à l'exception de l'Algérie, les 3 autres pays ont sollicité l'appui financier du FMI qui a décaissé $3 milliards au bénéfice du Maroc au titre de la Ligne de précaution et de liquidité, $745 millions pour la Tunisie dans la cadre de la facilite d'urgence et $130 millions pour la Mauritanie dans le contexte de la facilite d'urgence, appui accompagné d'une suspension du service de la dette de $95 millions. Les principaux indicateurs économiques et financiers pour 2020 font apparaître les dommages infligés à des économies vulnérables Sur la base des données du FMI, les indicateurs macroéconomiques se sont détériorés par rapport à 2019. Ils se présentent ainsi : (1) taille économique : deux groupes de pays se distinguent, dont un groupe à revenu moyen comprenant l'Algérie ($147 milliards par rapport à $169,3 milliards en 2019) et le Maroc ($112,2 milliards comparativement à $118,6 milliards en 2019), côtoyant un groupe à faible revenu, à savoir la Tunisie ($39 milliards contre $38,8 milliards en 2019) et la Mauritanie ($7,4 milliards contre $7,6 milliards en 2019) ; (2) le niveau de la croissance économique réelle : l'Algérie devrait enregistrer un recul de l'activité économique de -5,5% (0,8 % en 2019) en raison d'une baisse de la croissance dans les secteurs pétrolier de 9,6% (-4,9% en 2019) et non pétrolier de -4.5 % (+2,4% en 2019). Les autres pays du Maghreb, pour leur part, enregistreraient une contraction de -7% au Maroc et en Tunisie (+2,2% et +1%, respectivement en 2019) et -3,2% en Mauritanie (5,9% en 2019) ; (3) ratio recettes publiques/PIB : ce dernier devrait atteindre 28, 2% en Algérie (32,6% en 2019), 27,2% au Maroc (25,6% en 2019), 24% en Tunisie (27,8% en 2019) et 17,4% en Mauritanie (19,7% en 2019) ; (4) le déficit budgétaire : atteindra 16,4% du PIB en Algérie (-9,7% du PIB en 2019), 8,1% du PIB en Tunisie (-3,9% du PIB en 2019), et -3,8% du PIB en Mauritanie (surplus de 2,1% du PIB en 2019), reflétant des niveaux de dépenses plus élevées en Algérie (47,1% du PIB), suivie du Maroc (34,7% du PIB), de la Tunisie (30,7% du PIB) et de la Mauritanie (20,8% du PIB) ; (5) le déficit du compte courant de la balance des paiements : l'Algérie devrait poster un déficit de 10,8% du PIB (10,1% du PIB en 2019) tandis que ceux des autres pays atteindraient 15,3% du PIB. Les autres pays enregistreront des déficits projetés à 15,3% du PIB en Mauritanie (-10,6% du PIB en 2019), 8,3% du PIB en Tunisie (-8,5% du PIB en 2019) et 7,3% au Maroc (-4,1% du PIB en 2019), du fait de structures différentes du commerce extérieur ; (6) la dette extérieure : sera équivalente à 1,9% du PIB pour l'Algérie , alors qu'elle atteindrait 98,3% du PIB en Tunisie, 64,2% du PIB en Mauritanie et 37,7% du PIB au Maroc ; et (7) les réserves internationales de change : si l'Algérie affichera $44,6 milliards ($61,5 milliards fin 2019), le Maroc disposerait de $23,1 milliards ($26,4 milliards en 2019), la Tunisie $7 milliards ($7,4 milliards en 2019) et la Mauritanie $1,1 milliard (inchangé par rapport à 2019). Les projections macroéconomiques pour 2021 (FMI) sont défavorables pour les quatre pays du Maghreb en raison de la seconde vague et l'absence de résilience aux chocs (1)Pour la taille économique : la richesse nationale atteindrait $155,3 milliards en Algérie, $123,8 milliards au Maroc, $40,6 milliards pour la Tunisie ($112,2 milliards), suivis du groupe à faible revenu, à savoir la Tunisie ($40,6 milliards) et la Mauritanie ($7,6 milliards) ; (2) le niveau de la croissance économique réelle : l'Algérie devrait enregistrer une croissance de 3,2% en raison d'une reprise de la croissance dans les secteurs pétrolier (1,7%) et non pétrolier (3,4%). Les autres pays du Maghreb devraient également enregistrer une reprise de 4,9% (Maroc), 2% (Mauritanie) et 4% (Tunisie); (3) le ratio recettes publiques/PIB : ce dernier devrait atteindre 27,8 % en Algérie, 26,4 % au Maroc en Tunisie et 18,8% en Mauritanie ; (4) le déficit budgétaire : atteindra 16,4% du PIB en Algérie, -6% au Maroc, -5,1% du PIB en Tunisie, et -0,8% du PIB en Mauritanie ; (5) le déficit du compte courant de la balance des paiements : l'Algérie devrait poster un déficit de 25,,8% du PIB tandis que ceux des autres pays atteindraient -1,3% du PIB (Mauritanie), -3,5% du PIB (Tunisie) et -6,5 % du PIB (Maroc), du fait de structures différentes du commerce extérieur ; (6) la dette extérieure : sera de 3,5% du PIB pour l'Algérie, alors qu'elle atteindrait 104,1% du PIB en Tunisie, 63,4% du PIB en Mauritanie et 38,5% du PIB au Maroc ; et (7) les réserves internationales de change : si l'Algérie affichera $21,9 milliards, le Maroc disposerait de $23,9 milliards, la Tunisie $6,8 milliards et la Mauritanie $1,1 milliard. Il est clair maintenant qu'hormis les économies industrielles et un petit groupe d'économies émergentes, le retour de tous les autres pays, y compris ceux du Maghreb, à la croissance économique observée avant la pandémie, prendra au moins 5 ans en raison de la seconde vague de contamination, de nombreuses vulnérabilités (rigidités structurelles, absence de diversification, dépendance des importateurs de pétrole par rapport au tourisme et aux envois de fonds), de l'absence de marges de manœuvre budgétaire et des limites de la politique monétaire. Les projections ci-dessous seront revues à la baisse. La problématique de l'intégration économique en général Elle est liée au contexte économique mondial qui a été traversé par : (1) un processus d'intégration mondiale amplifié par le développement spectaculaire des technologies de l'information et de la communication, processus que la pandémie va sans doute réorienter mais non arrêter ; et (2) un émaillage au niveau de diverses régions du monde de flux commerciaux, financiers et d'investissements qui ont ouvert la voie à de nombreux accords régionaux. Pour les pays en développement soucieux de réduire la pauvreté, le désarmement douanier est un levier important, entre autres, pour attirer les investissements directs étrangers (IDE), s'intégrer à des segments de la production mondiale. Dans ce sens, l'intégration régionale est un premier cercle concentrique pour participer aux échanges mondiaux de biens et de services et capter certains investissements internationaux pour élargir les bases de la croissance économique et créer des emplois. Le Maghreb est la zone d'échanges la moins intégrée dans le monde pour une variété de raisons Selon le FMI, le commerce intra maghrébin représente moins de 5% du commerce total des pays du Maghreb. Ce chiffre est à comparer au commerce intra régional en Afrique (15%), en Amérique latine (18%), en Asie (51%), en Amérique du Nord (54%) et en Europe (70%) ce qui en fait la région la moins intégrée dans le monde. Les raisons de cette faible intégration sont complexes et nombreuses, incluant des politiques commerciales et d'investissement restrictives, des barrières commerciales tarifaires et non tarifaires importantes, une infrastructure économique et financière régionale insuffisante et des considérations géopolitiques. En outre, l'orientation commerciale traditionnelle vers l'Europe, les récentes tentatives de diversification vers l'Afrique subsaharienne et, plus récemment, l'émergence de la Chine comme marché d'exportation pour le Maghreb ont amoindri l'intérêt des pays du Maghreb pour un renforcement de l'intégration intrarégionale. Examinons en détail les freins à une intensification de l'intégration régionale maghrébine. Sur ce plan, une étude récente du FMI sur cette question cite ce qui suit : (i) tout d'abord un ralentissement général du processus d'ouverture international en raison, entre autres, de la faiblesse de la croissance mondiale, d'une chute des investissements, de la saturation des chaînes de valeur mondiales et d'un certain repli sur les espaces nationaux ; (ii) la prédominance des relations commerciales des pays de la région avec l'Europe, du fait de facteurs historiques, de la persistance du commerce de produits de base et du processus d'association avec l'Europe ; (iii) la faiblesse des IDE bilatéraux en raison des capacités structurelles limitées des différents pays du Maghreb accueillir des activités à haute valeur ajoutée ; (iv) une intégration financière faible, reflétant des secteurs financiers différents en termes de niveaux de développement (ne bénéficiant pas toujours aux réseaux des petites et moyennes entreprises) et l'absence de groupes financiers de taille régionale ; (vi) un développement inégal des technologies de l'information et de la communication qui impliquent des rythmes de progrès économiques différents ; et (vii) des mouvements de migration intra-maghrébins faibles en raison de l'attrait des pays de l'Union européenne et du reste du monde. Les raisons en faveur d'une plus grande intégration régionale dans un monde où les opportunités de croissance s'amenuisent au plan interne et international Face au ralentissement de l'économie mondiale et des reculs de la croissance dans les différents pays du Maghreb et surtout des perspectives défavorables à court et moyen termes, de nombreux appels ont été lancés de différents fronts pour rouvrir le dossier de l'intégration économique régionale. Les pays du Maghreb pris ensemble pèsent uniquement $306 milliards soit 0,34% du PIB mondial 2020. Le degré de résilience de chacun des pays est trop faible pour faire face à des nouveaux chocs extérieurs qui vont se reproduire dans le futur sous forme d'autres pandémies et catastrophes naturelles vu la profondeur de la crise climatique. Cette dernière, tout comme la pandémie doivent être utilisées à l'avantage des pays du Maghreb. L'intégration entre les pays du Maghreb est logique pour des raisons économiques pour une certain nombre de raisons, dont (1) la création d'un marché régional de près de 100 millions de personnes avec un revenu moyen d'environ $3,500 par habitant en termes nominaux et d'environ $10,000 (parité de pouvoir d'achat) ; (2) le renforcement de l'attractivité de la région pour les IDE ; (3) l'intensification des échanges devrait faire baisser les coûts du commerce intrarégional et faciliter les mouvements de capitaux et de personnes ; (4) renforcer la résilience de la région aux chocs exogènes et à la volatilité des marchés ; et (5) promouvoir une croissance plus élevée dans la région. Les réformes économiques pour renforcer l'intégration régionale sont à portée de main des pays de la région Pour placer le commerce intra régional au centre des politiques publiques de chaque pays de la région, les axes de réformes sont les suivants : (1) alléger les contraintes pesant sur le commerce international à l'instar de l'accord commercial Algérie-Tunisie de 2010 au titre duquel les deux pays s'engagent à exempter de tous les droits de douane et taxes et impôts à effet similaire un certain nombre de produits (d'origine tunisienne et d'origine algérienne à l'entrée des territoires nationaux respectifs) ; (2) faciliter l'investissement intrarégional : (3) réactiver la politique de connexion des grands réseaux d'infrastructure qui facilitent la production et les échanges ; (4) améliorer les environnements des affaires de façon coordonnée : (5) assouplir les règles de fonctionnement des marchés de biens et services, des capitaux et du travail ; et (6) coordonner les approches pour intégrer les chaînes de valeur mondiales. Une mesure novatrice qui pourrait renforcer l'intégration serait de tenir des consultations sur les politiques macroéconomiques, structurelles et sectorielles à l'échelle du Maghreb deux fois par an pour déterminer à terme des objectifs communs. Les gains attendus d'une intégration régionale à moyen terme De nombreuses études internationales ont évalué l'impact de l'intégration régionale par le biais de quatre volets combinés de réformes (plus grande ouverture commerciale, plus grande participation à des chaînes de valeurs mondiales, diversification des exportations et amélioration de la qualité des produits) sur le niveau de vie des populations, la croissance et la pauvreté au Maghreb. Les conclusions sont les suivantes : (1) pour ce qui est du niveau de vie des populations, ils augmenteraient d'environ 5% à 10% sur une période de 5 à 10 ans ; (2) pour ce qui concerne la croissance économique, elle devrait se traduire par une hausse de 1 point de pourcentage à moyen terme si les reformes sont menées simultanément. Alternativement, si elles sont conduites de façon séparée, l'impact se décompose ainsi : (i) 1 point de pourcentage du PIB en cas de plus grande ouverture commerciale : (ii) 0,7 point de pourcentage dans le cas d'une plus grande participation aux CVM ; (iii) 0,6 point de pourcentage du PIB dans le contexte d'une diversification économique ; et (iv) 0,2 point de pourcentage du PIB dans le cas d'une amélioration de la qualité du produit ; (3) pour ce qui est de la pauvreté, une étude conjointe FMI-Banque mondiale-OMC de 2017 a montré que l'ouverture favorise la réduction de la pauvreté. En effet, la suppression ou la réduction des tarifs d'importation sur les produits importés réduit leurs prix au bénéfice des consommateurs, accroît la consommation d'autres produits et la demande et in fine influe sur la croissance économique. L'étude conjointe ci-dessus conclut que les revenus des 20% des citoyens les plus pauvres ont augmenté presque parallèlement à la croissance moyenne des revenus dans les pays en développement.
Par Abdelrahmi Bessaha , Macroéconomiste, spécialiste des pays en post-conflits et fragilités Advertisements