6 h du matin, une vieille en haïk fait le tour d'Alger pour trouver de quoi manger. 8h, un père de famille cherche de l'eau pour ses enfants déshydratés. 10h, une patrouille de police circule dans la ville pour veiller aux troubles. Midi, une femme est trahie par le correcteur de son Samsung qui écrit «Alger rien» au lieu de «Algérien», elle est arrêtée par la police cybernétique. 14h, des gens atteints de Covid meurent par asphyxie comme des poissons sortis de l'eau en criant une dernière phrase : «Nous ne sommes pas des poissons !» 16h, un jeune de Aïn Bourih a filmé le chaos dans l'hôpital de sa région, mis sous mandat de dépôt à 16h03. 18h, les villageois de Tala Oughil comptent leurs morts en se disant que s'ils avaient de l'eau, le bilan aurait été moins dramatique. 20 heures, le basculement, tout change, le pays se transforme, c'est l'ENTV et son journal télévisé. Le chef d'état-major marche sur une colline, puis fait un discours, l'Algérie est fermée à toute intrusion, y compris virale. 20h15, le Président a reçu un appel du Premier ministre des Iles Tonko pour parler de relations bilatérales. 20h19, le ministre de la Santé livre en personne un générateur d'oxygène à l'hôpital de Sidi Kebkeb, don de la communauté à l'étranger. 20h18, le ministre du Commerce explique que si le prix de la pomme de terre a augmenté, c'est qu'elle est plus grosse. 20h24, le ministre de la Communication a créé un conseil chargé d'installer une commission pour créer une agence qui parlera déontologie. 20h26, info locale, un ingénieur de Ouled Chtoumi a inventé une machine qui fait du sucre, il l'achète à la supérette, le fait bouillir puis le met dans un congélateur pour en faire du sucre solide. Sports enfin, la JS Zviti a battu le RC Doubbara 18 à 2 et espère ainsi aller aux Jeux olympiques. Le JT est terminé, ceux qui l'ont suivi l'ont fait pour ne pas se suicider. De toute façon, il est 20h30, c'est bientôt le couvre-feu et, selon la loi, il est interdit de mourir la nuit. Advertisements