Les bureaux de la direction générale de l'OGBCEC demeurent toujours à Alger, en dépit des annonces des hauts responsables du ministère de la Culture, qui ne cessaient de ronronner, que le transfert du siège de l'Office vers l'ex-CAA (centre arabe d'archéologie) de Tipasa a eu lieu. L'ex- DG de l' OGBCEC, Abdelkader Dahdouh, universitaire, chercheur spécialisé en archéologie islamique, avait répondu à une journaliste de l'APS au mois de mars 2020, en estimant qu'il faut trouver des solutions économiques de rechange et adapter de nouveaux mécanismes d'exploitation des sites du patrimoine. Il n'en demeure par moins que ces actions engagées par l'OGBCEC, institution qui relève du ministère de la Culture et des Arts, avaient été jugées scandaleuses par les adeptes, notamment archéologues, du patrimoine culturel et archéologique, allant jusqu'à condamner cette nouvelle politique de l'OGBCEC. Les décisions prises au mois de mars 2020 viennent d'être exécutées une année après (2021,ndlr). En effet, l'OGEBC annonçait sur son site officiel, l'appel à la location aux enchères de la villa Angelvy et ses espaces. Un restaurant et une cafétéria seront créés au sein de la villa Angelvy. Des aménagements sont effectués autour du restaurant et cafétéria (ex-villa Angelvy, ndlr) pour mettre en service un studio photographique de tenues traditionnelles, un local pour la vente des produits traditionnels et des articles de souvenirs, un kiosque multiservices et enfin une librairie. Cinq lots. L'entrée principale actuelle du parc national archéologique de Tipasa sera transférée à côté de ces kiosques commerciaux. Autant de travaux d'aménagement qui rentrent dans la politique de prise en charge des frais en matière de gestion du patrimoine archéologique initiée par le département ministériel de la culture. «Cela passera par l'élaboration d'un cahier des charges rénové, qui permettra la location des structures de l'OGBCEC au niveau de plusieurs sites archéologiques, indique Abdelkader Dahdouh aux médias, comme celui de Tipasa qui comporte un centre d'interprétariat et de nouvelles structures commerciales (Villa Angelvy et son jardin jalonné de vestiges, ndlr)», insistait l'ex-patron de l'OGBCEC. A titre de rappel, avant de s'enfuir vers le sultanat d'Oman, l'ex-journaliste d'un quotidien arabophone établi à Tipasa, Bensedira, en sa qualité de président d'une Association culturelle, utilisait illégalement les subventions accordées par l'ex- ministre de la Culture, Khalida Toumi, en vendant des casse-croûtes discrètement et illégalement à la villa Angelvy. L'ex-de la culture de la wilaya, M. Hocine A., a découvert le pot aux roses. Le détournement de l'argent public affecté à cette Association culturelle a incité le ministère de la Culture à dépêcher une inspection de son siège à Tipasa. Bensedira a fui le pays pour rejoindre avec son épouse le Sultanat d'Oman, grâce à la complicité de ses clients du pays du Golf. La villa Angelvy est érigée à proximité du parc national archéologique, face à un espace ombragé et verdoyant féerique, jonché par des vestiges archéologiques apparents. Nos démarches pour contacter les deux éminents archéologues, Mounir Bouchenaki et Sabah Ferdi, sont demeurées vaines. Avec l'espoir de transformer la villa Angelvy en un grand musée du site archéologique de Tipasa, les deux anciens responsables de la CAT (circonscription archéologique de Tipasa) dont leurs notoriétés avaient dépassé les frontières algériennes, ils étaient arrivés à faire reculer et chasser «les aventuriers» qui voulaient s'approprier autrefois, d'une manière ou d'une autre, ce joyau architectural. L'ex-ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, s'est déplacé à la villa Angelvy pour annoncer la création d'un atelier national de restauration des pièces archéologiques à l'intérieur du site de la villa Angelvy. Lors de l'explication du PPMVSA (plan de protection et de mise en valeur des sites archéologiques) de Tipasa, les autorités locales avaient décidé d'entreprendre des travaux afin de convertir la villa Angelvy en un musée de l'Histoire. Mme Meriem Merdassi, ex-ministre de la Culture avait, quant à elle, plaidé pour l'impératif de valoriser les monuments archéologiques, à l'instar de cette cité archéologique qui abrite la villa Angelvy, en examinant les mécanismes qui permettent la protection et la préservation, une déclaration faite lors de sa visite à la villa Angelvy. Avec cette décision de l'OGBCEC, version 2021, l'établissement public du secteur de la culture semble faire table rase du passé de ces espaces culturels, qui s'articulait l'organisation de moults activités organisées dans cette villa Angelvy et ses alentours. Il s'agit des sessions de formation des jeunes dans la restauration et la conservation des mosaïques antiques ; les expositions des œuvres plastiques ; des œuvres littéraires ; des objets traditionnels et des produits du terroir ; les semaines culturelles, les après-midi poétiques ; les conférences avec les différentes thématiques, et enfin les manifestations relatives aux célébrations de la Journée mondiale de la liberté de la presse et de l'expression. Outre celui de Tipasa, les sites de Timgad (Batna), de Djemila (Sétif), de Kalâa Beni Hammad (M'Sila) et du Fort de Santa Cruz (Oran), sont concernés par cette nouvelle vision initiée par les décideurs de l'OGBCEC. Il n'en demeure pas moins que l'Etat avait investi des ressources financières pour mettre en valeur ses richesses archéologiques, historiques et culturelles. L'Unesco a-t-elle été consultée sur cette nouvelle stratégie qui va être appliquée dan ces espaces situés dans le site inscrit sur la liste du patrimoine culturel mondial ? Selon l'ex-directeur de l'OGBCEC de Tipasa, «l'Unesco avait été avisée par l'OGBCEC, le cahier des charges relatif aux aménagements et la location de cette villa et les locaux de vente avaient reçu l'avis favorable de l'Unesco», déclare Achour B., du moins ce que me l'avait dit au téléphone notre directeur depuis le siège d'Alger ajoute-t-il. «Les démarches pour la location de la villa Angelvy et ses espaces avaient été entamées, néanmoins , je vous indique que le document inhérent à l'avis favorable de l'Unesco, je ne l'ai pas vu», conclut-il. Mme Tahrat, la Directrice de la culture de la wilaya contactée par nos soins, précise, «la consultation de l'OGBCEC avait été validée par le ministère de la Culture et des Arts à l'époque, vous parlez de la villa Angelvy n'est-ce-pas dit-elle, mais elle ne fait pas partie du site archéologique classé sur la liste du patrimoine culturel mondial par l'Unesco, car elle ne se trouve pas à l'intérieur de l'enceinte du parc national archéologique classé par l'Unesco enchaîne-t-elle, cette villa Angelvy appartient à l'OGBCEC, par conséquent elle est considérée comme étant un monument à gérer, donc je ne crois pas que l'OGBCEC avait sollicité l'Unesco pour cette consultation, donc la location, après les enchères, de la villa et de ses espaces était réglementaire, qui conclut la directrice, en indiquant que toutes les procédures avaient eu lieu au siège de l'OGBCEC à Alger». Avec l'intrusion des commerçants dans les locaux et la villa Angelvy par le biais des enchères, comment vont réagir les archéologues en activité ou au chômage, sur les perspectives de ce site archéologique après la décision de l'OGBCEC ? Advertisements