La mise en exécution du plan de protection et de mise en valeur du site archéologiques (PPMVSA) de Tipasa est une première en Algérie, avait affirmé Khalida Toumi lors de sa visite à Tipasa. Désormais, le PPMVSA dictera l'avenir architectural et urbanistique du chef lieu de la wilaya, car celui-ci avait un besoin urgent d'un outil pareil, pour conserver, aménager et gérer l'ensemble de ses sites archéologiques et monuments historiques, en l'occurrence les 2 parcs archéologiques et le Mausolée Royal de Maurétanie de Sidi-Rached. Compte- tenu de la singularité de son relief, de son environnement naturel, de la charge émotionnelle de ses biens historiques matériels et de la richesse de sa culture, il avait été décidé que le site de Tipasa soit inscrit par l'Unesco sur la liste du patrimoine culturel mondial de l'Humanité en 1982. Quelques années plus tard, en 2001, le CPM (Comité du patrimoine mondial) de l'Unesco avait inscrit le site de Tipasa sur la liste du patrimoine mondial en péril, car on avait jugé que le site en question avait perdu de son authenticité. L'autorité de la wilaya de Tipasa a entrepris moult travaux dans les différents secteurs depuis la fin 2004. A Vilnius (Lituanie), à la suite des inspections des experts de l'Unesco, le CPM a retiré le site de Tipasa de la liste du patrimoine en péril en 2006, et de surcroît avait félicité l'Algérie pour les efforts entrepris afin de le réhabiliter et le protéger, grâce à la mise en place du PPMVSA, un plan précisons-le conçu et réalisé avec les compétences nationales et les moyens foncièrement algériens. «Le PPMVSA n'est pas coercitif comme le prétendent certains, déclare le directeur de la culture de Tipasa lors d'une conférence de presse tenue le 16 mai, mais je sais qu'il dérange des personnes, car il faudra à présent respecter minutieusement la réglementation, du moment que l'Etat ne permet plus de faire du n'importe quoi sur le site. Sachez que l'ensemble des prescriptions règlementaires dictées dans la loi avaient été respectées par la wilaya pour mettre en place le PPMVSA, un outil qui s'articule autour de 3 axes, d'abord l'analyse, ensuite le diagnostic et enfin les actions urgentes à mener pour la mise en valeur du site », indique-t-il. Ce fût un travail de fourmis qui avait été réalisé par des universitaires et travailleurs algériens. La wilaya de Tipasa a classifié la typologie de la ressource archéologique de son site et a identifié les dangers qui guettent tous les monuments historiques et les sites archéologiques. Le secteur de la culture a utilisé le système de délimitation par satellite de tous les sites de Tipasa, ce qui n'existait pas avant l'année 2000. Le montage du PPMVSA s'est réalisé à partir de 3 phases selon une méthodologie universelle. Il s'agit pour les autorités locales de sensibiliser les populations dans le but de concilier l'aménagement urbanistique de la ville de Tipasa et protéger les sites archéologies à la fois, notamment en prenant des mesures pratiques de manière à ce que chacun devra se conformer et admettre que les gabarits et les toitures de toutes les constructions devront répondre aux textes de lois, notamment aux instruments urbanistiques (PDAU et POS), mais surtout aux textes du PPMVSA. Justement, à la faveur du PPMVSA, Tipasa bénéficiera d'un centre d'interprétation archéologique (CIA). Il s'agit d'un centre d'initiation et de l'apprentissage de l'Histoire qui est destiné à l'éducation des adultes de demain. Les structures du CIA existent déjà, il est question actuellement de leur aménagement. La villa Angelvy sera convertie en un musée de l'Histoire. Un quartier de l'artisanat sera créé autour de l'unité céramique de Tipasa qui est demeurée à l'abandon depuis des années. Un atelier de moulage et de reconstitution des pièces archéologiques par la mosaïque verra le jour dans très peu de temps. Comment approcher les sites, comment les explorer, les sentir, les découvrir, comment organiser les circuits touristiques et les visites des sites archéologiques, tels sont les objectifs que veut atteindre la direction de la culture de Tipasa, sachant que tous les périmètres de protection seront soumis aux règlements de servitude. Le PPMVSA répond à ces interrogations. Tipasa a donc clôturé son mois du patrimoine en dévoilant son PPMVSA et son impact sur l'avenir de ce site classé sur la liste du patrimoine culturel mondial de l'Unesco. Il n'en demeure pas moins que la question relative à la forte présence de «l'assistance» lors de cette réunion reste posée, d'autant plus que la chose culturelle est habituellement boudée à Tipasa. La magie de la direction de la culture a manifestement séduit et fonctionné cette fois-ci, mais reste quand même étrange pour les non initiés.