Onze années après l'assassinat, par les hordes terroristes, de leur père Ahmed, alors âgé de 53 ans, à Frenda, kidnappé de chez lui en pleine nuit le 19 décembre 1994, la famille Khedim, notamment la mère et ses deux filles Soumia et Zohra, continue de vivre le calvaire, ballottée qu'elle est d'une institution à une autre, en quête d'une reconnaissance légale à même de la faire bénéficier des dispositions du décret exécutif 99/47 du 13 février 1999 en qualité de victime avérée du terrorisme. Ce décret stipule, dans son article 2, que « toute personne victime d'actes terroristes et toute personne décédée ou ayant subi des dommages corporels ou matériels suite à un acte commis par un terroriste ou un groupe de terroristes » est concernée par les dispositions en question. Bien que munies de documents, dont le certificat médical du légiste attestant du supplice enduré par la victime, les plaignantes ne parviennent toujours pas à décrocher l'accord des services concernés de la wilaya car, tout simplement, le rapport de la brigade de gendarmerie de Frenda, qui a été établi à l'époque, a laissé planer un soupçon de doute sur la nature du décès. Dans une copie du document en question, il est noté que « le défunt a été retrouvé le 19/12/1994, assassiné par balles sur les lieux dénommés ‘‘cimetière des martyrs'' situé à la sortie nord de la ville. Il est connu pour être fréquenté par les groupes armés »...Et de déduire que « l'acte pourrait être lié au terrorisme. » Un verbe au conditionnel qui n'a généré que frustration au plan administratif, en plus de la douleur vécue par cette modeste famille dont le défunt père était reconnu pour sa droiture. Soumia et sa sœur ont été amenées à faire état publiquement de leurs déboires, profitant de la présence du wali à la salle des conférences Mustapha Mekki. Elles ont ainsi crié leur révolte face à ce qu'elles considèrent comme un déni de droit. Soumia, en larmes, faisait savoir que pas moins de « 570 lettres ont été adressées aux responsables concernés, dont la Présidence, le chef du gouvernement, les ministères de la Justice et de l'Intérieur, pour faire aboutir leur revendication, mais en vain ! » Beaucoup de familles victimes directement ou indirectement de la période sanglante qu'a traversée l'Algérie, continuent de vivre ainsi dans la tourmente ou sont vouées à la précarité. La famille Khedim, dont le chef de famille était artisan mécanicien, n'a aucune ressource pour assurer une vie décente aux neuf enfants qu'il a laissés derrière lui. Elle tente par ce cri de désespoir, lancé à l'endroit des responsables concernés, de réhabiliter ses membres dans leur droit à la reconsidération de leur dossier, à moins que le parquet près le tribunal de Tiaret daigne s'en saisir pour trancher.