Le Mois du patrimoine a été à l'honneur à Souk Ahras les 18 et 19 du mois en cours avec l'organisation d'une journée de conférences et une autre de visite sur des lieux autant importants qu'insoupçonnés. « Souk Ahras est un creuset de mémoires mille fois millénaires. Nous sommes complexés à Souk Ahras, nous avons saint Augustin et nous avons peur de dire qu'il est le nôtre », ainsi commencera l'intervention de Zoubeida Mammeri-Djennaz, conseillère au ministère de la culture et originaire de Souk Ahras. Bien que sachant ce qu'elle dit du « petit Paris » qu'était Souk Ahras, en parlant de cette évidence que constituent les splendeurs de cette région, elle doit certainement s'adresser aux jeunes. Et on ne peut que l'approuver aveuglément quand elle dit que cette région est appelée à connaître un bel avenir pour peu qu'on prenne en charge ses richesses naturelles, surtout celles archéologiques. Evidemment, c'est l'affaire de tout le monde, pas seulement des autorités locales. Beaucoup reste à faire en matière de sauvegarde du patrimoine, et surtout en matière d'hôtellerie. A ce propos, il y a urgence, d'autant plus que les touristes commencent à y affluer. Amine M'hari, architecte spécialisé dans la restauration, qui a fait plusieurs études de mises en valeur et de restauration et qui se charge actuellement du suivi des travaux en cours sur les sites de Khemissa, de Madaure, de Taoura et de Tifech, parlera des différentes phases de restauration de la citadelle de Béjaïa, principalement de la mosquée Ibn Khaldoun, construite au Xe et XIe siècles par les Hammadites. Mahmoud Djedaiet décortiquera le parcours de saint Augustin étape par étape. Il relèvera le libertinage de sa jeunesse, ses austères études, sa conversion, ses prêches du jour et le sacerdoce de l'écriture de nuit. « Hanté par les qualités de cet homme », selon ses propos, il en a fait un appréciable documentaire, qui sera suivi d'un livre intitulé Saint Augustin, fils de Taghaste et de Numidie. Quant à Sofiane et Mokhtari de l'association Santé Sidi El Houari (SDH), venus d'Oran, ils donneront à l'assistance un cours magistral sur le bénévolat et la citoyenneté agissante, avec un film à l'appui, sur les travaux que leur association a accomplis jusque-là en matière de restauration sur le vieil hôpital de Sidi El Houari, construit en 1843, qui était jusqu'en 1996 à l'abandon. Les jeunes de cette association (120 adhérents, dont 90% sont des jeunes entre étudiants universitaires et lycéens) ont eu à déblayer 800 t de détritus de cette bâtisse, qui comprend des bains turcs datant de 1708, un autre site à sauvegarder. Une école de formation en maçonnerie traditionnelle et en taille de pierre y officie grâce au stage de formation dont ont bénéficié trois jeunes par l'entremise du Club Marpen de Tusson en Charentes (France). Déjà 30 personnes savent manier le burin, le marteau et d'autres outils, et sont prêts à entamer les travaux de restauration. Il s'agit de jeunes exclus de l'école qui ont été repêchés des milieux de perdition. Bravo, SDH ! Pour Nouar Laïb, directeur de l'environnement de la wilaya de Souk Ahras, il s'agit de préserver la pierre et l'arbre. Les patrimoines archéologique et écologique sont intimement liés sans qu'il y ait besoin de le prouver. Car l'environnement, c'est tout simplement la culture. Le respect de la nature est d'autant plus de mise à Souk Ahras que la terre y est sujette à érosion. Mourad Messika, chef de l'antenne archéologique, racontera la période préhistorique avec les gravures rupestres, les lions gravés sur la pierre (h'djar m'ssaour) dans la commune de Zouabi, puis passera en revue la période historique, celles antique, romaine, byzantine et musulmane. Il citera quelques grands noms de cette région, saint Augustin, Apulée, Tackfarinas, et il n'y a pas longtemps, dans le domaine musical Ababsia El Badi, Bouregaâ, etc.