Conscients apparemment du mécontentement généralisé de la population quant à leur gestion, les élus de l'APC de Skikda ont organisé jeudi dernier des portes ouvertes sur l'ensemble des services communaux. A la fin de cette journée, le maire a eu à rencontrer les citoyens après avoir pris le temps de faire un large tour d'horizon sur l'ensemble des réalités de l'APC. D'emblée, il annoncera les couleurs d'un discours aux consonances offensives. « Trop de choses se disent à propos de l'APC, alors on a préféré sortir à la rencontre des citoyens », commencera-t-il avant de relancer sur le même ton : « On avance çà et là que la commune de Skikda est l'une des plus riches du pays. C'est faux ! En termes économiques, c'est une APC déficitaire. » Et d'expliquer : « Sachez que 65% du budget communal sont ingurgités par la masse salariale et les 3/4 restants sont consacrés aux charges obligatoires. » Comme exemple, le maire citera les données financières de l'année 2003 : « C'est vrai que le budget de cette année dépassait 1 milliard de dinars, mais en réalité on ne pouvait consentir que 100 millions pour le développement. Et que pouvait-on faire avec cette enveloppe, puisque la seule réfection du réseau routier de la cité Boulkeroua coûte 170 millions de dinars. » Le maire a estimé qu'il serait important de revoir les taxes fiscales de la plateforme pétrochimique puisque, explique t-il, « plusieurs entreprises du pôle hydrocarbure, dont le siège social se trouve à Alger, ne payent pas leurs taxes fiscales à Skikda. Sachez à cet effet que le premier pourvoyeur des taxes de la commune, c'est plutôt le port et non la zone pétrochimique ». Abordant l'épineux problème du logement, le maire ira jusqu'à prédire que Skikda devra encore traîner son retard, « il ne sera construit à Skikda que 500 logements d'ici à 2009, alors que la ville enregistre déjà 20 000 demandes ». Il annoncera, à cet effet, que la commune qui vient de créer un office pour la réhabilitation du vieux bâti entend éviter le cauchemar du quartier napolitain afin de sauver l'essentiel. « Nous avons convenu avec l'Office de promotion et gestion immobilières (OPGI) de reconstruire 30 logements au quartier napolitain, avec l'exigence de respecter l'aspect architectural des lieux. » Concernant les bidonvilles qui pullulent à ce jour, le maire a estimé que seules des opérations-tiroirs peuvent venir à bout du fléau. « L'APC ne dispose pas de l'ensemble des outils de ces opération, mais cela ne nous a pas empêchés de signifier bruyamment notre refus de réserver une assiette qui pouvait abriter plus 500 logements sociaux à des habitations individuelles. Heureusement que l'actuel wali a décidé de revoir l'affectation de cette assiette. » Pour l'emploi, le maire dira : « Déjà que le budget communal est englouti par les salaires, notre commune ne peut plus se permettre de recruter, à moins de faire dans le populisme au détriment du développement. Il ne faut pas compter sur l'APC pour absorber le chômage, alors que la plateforme pétrochimique enregistre plusieurs nouveaux grands projets. » En abordant la situation du cadre de vie, le maire dira : « Nous dépensons déjà 120 millions de dinars pour assurer le ramassage des ordures. On ne peut dépenser encore, et nous comptons sur l'interactivité des habitants pour nous aider à faire de Skikda une ville propre. » Le président de l'APC abordera plusieurs autres sujets comme la défectuosité de l'éclairage public « je reconnais que beaucoup de lacunes persistent à ce sujet », et étalera aux présents les multiples projets que la commune a lancés et qui concernent globalement la réfection du réseau routier, l'assainissement, le social, l'alimentation en eau... Le volet culturel n'a, cependant, pas été évoqué. Cette initiative, et même si les argumentations avancées par le maire restent relativement à débattre et à commenter, mérite au moins une reconnaissance : celle d'avoir eu le courage d'aborder les citoyens dans une conjoncture imprégnée d'un grand mécontentement. Rien que pour ce fait, l'initiative reste louable et... pourvu que ça dure.