La gestion de la collectivité locale, notamment des assemblées populaires communales, semble, pour de nombreux élus locaux, une question de pouvoir de décision, souvent absolu, relevant des prérogatives du seul maire. Cette vision « réductrice de la chose publique » est souvent source de tensions et de mécontentements « citoyens » qui, malheureusement, débouchent sur une rupture entre l'administration et ses administrés. C'est apparemment le cas à Ain El Bya où le maire a décidé, contre l'avis de nombreux élus, de délocaliser le siège de la mairie du centre ville de Ain El Bya vers le Douar de Chehairia, distant de 7 kilomètres du chef-lieu de la commune. Cette décision que de nombreux citoyens et élus rencontrés, jeudi matin à Ain El Bya qualifient de « fuite en avant », serait motivée, selon eux, par « les nombreuses sollicitations, doléances et pressions exercés par les citoyens sur le maire pour régler les problèmes du chômage, qui atteint des pics records à Ain El Bya, et celui du logement ». Des problèmes qui, en toute honnêteté, ne peuvent être pris en charge, ni solutionnés par la seule assemblée communale. Ceci dit, selon certains élus à l'assemblée populaire communale de Ain El Bya, le maire aurait exhumé un décret « obsolète », publié le 19 septembre 1984, portant sur le découpage administratif des collectivités locales et désignant Chehairia Zeghloul comme le chef-lieu de la commune. Entre temps, dira notre interlocuteur, « la population de Ain El Bya est passée à 35 000 habitants dont 29 000 sont concentrés à Ain El Bya et dans les différents camps et bases de vie de la Sonatrach et qui, du coup, notamment pour certaines personnes de Haï Es Salam et les camps 7, 8, 9 et 10, se retrouvent à des kilomètres de leur administration. » Un autre élu nous confiera : « Loin de nous l'idée de marginaliser les douars de Chehairia (7 kms) et de Ayaïda (9 kms) qui méritent toute l'attention des élus et de l'administration, mais il est surréaliste de marginaliser 90% de la population pour qui, la moindre démarche administrative relèvera désormais du parcours du combattant. » L'on saura, à ce propos, qu'en date du 19 août 2003, une correspondance (n°1128/2003) a été adressée au wali d'Oran pour justement dégager une assiette foncière pour la réalisation d'un nouveau siège de la mairie mais qui soit plus proche de l'ensemble des administrés. Il semblerait qu'à plusieurs reprises, les jeunes se sont rassemblés devant le siège de la mairie pour manifester leur mécontentement. La situation n'a été désamorcée que grâce aux bons offices de certains. En tout état de cause, « le conflit » ne semble pas s'atténuer et toutes nos tentatives pour rentrer en contact, jeudi, avec le maire, à Ain El Bya et à Chehaïria, ont été vaines.