L'éviction de Mourad Redjimi du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ne constitue nullement une surprise. Il figurait en « tête de liste » des ministres à écarter du gouvernement d'Ahmed Ouyahia. La gestion de ce département, depuis l'installation de Redjimi, le 6 octobre 2003, a fait l'objet de sévères critiques à différents niveaux. Si la grogne des syndicats du secteur ne s'est pas éteinte durant toute cette période, des voix se sont élevées pour dénoncer l'absence d'une réelle volonté d'amorcer les réformes du système de santé tant attendues. Pis, la situation a été jugée par des médecins, des syndicalistes, des gestionnaires et autres professionnels de la santé de « catastrophique » durant cette période. « Aucun dossier n'a vu le jour », ne cesse-t-on de signaler. Le système de la contractualisation lancé par ses prédécesseurs, un des projets phares pour une meilleure organisation du système de la santé, en est un exemple édifiant. Même si ses discours à ce propos sont prometteurs, en revanche, sur le terrain, les choses prennent encore plus de temps à être réalisées, notamment l'installation de la commission de la nomenclature des actes, la loi sanitaire, etc. Des outils essentiels pour le véritable lancement de la contractualisation. D'aucuns estiment que Mourad Redjimi « a mis la charrue avant les bœufs ». La mise à l'écart, dès son arrivée, de plusieurs cadres de ce département, pourtant jugés « compétents et efficaces », était, selon certains observateurs, la première erreur de Mourad Redjimi. « C'est à partir de là que tout était mal parti. D'ailleurs, jamais le secteur n'a connu un aussi grave dysfonctionnement, que ce soit au plan administratif, de la gestion, du médicament ou simplement des établissements de santé », nous fait-on remarquer. Le dossier de la réforme, qui attend encore à être mis en application, a aussi souffert de « ce mauvais fonctionnement ». Mais est-ce que la nomination d'Amar Tou à ce département sensible va-t-elle changer les choses ? Probablement. Son expérience dans le secteur des télécommunications fait dire à certains que « les réforme vont être réellement engagées et sans aucun recul. Amar Tou a une autre vision des choses ». Pour d'autres, la nomination d'un non-médecin pour la gestion de ce secteur permettra au système de la santé de mieux s'en sortir. Mis à part son profil et sa personnalité, le ministre gestionnaire échappera à la pression du pouvoir médical. En sa qualité d'homme politique, Amar Tou semble disposer de toute la latitude pour mettre en œuvre les réformes comme inscrites dans le programme du gouvernement. « C'est ce genre de profil qu'il faut pour ce secteur, ne serait-ce que pour ses qualités de bon exécutant. Il faut une volonté politique pour arriver à un changement », nous dit-on. En attendant de faire ses preuves, Amar Tou a du pain sur la planche...