La dernière session de l'Assemblée populaire de wilaya, consacrée essentiellement au logement, a permis de dévoiler les carences et les tares d'un secteur qui a été, faut-il le rappeler pour la énième fois, mis en quarantaine ces dernières années. Les présents ont appris avec stupéfaction que les travaux de 1638 logements inscrits au titre des quotas des exercices 2002 et 2003 ne sont toujours pas lancés. Pour justifier ce retard, l'indisponibilité d'une assiette foncière à Sétif et Guedjel notamment est la cause avancée par les chargés d'un dossier qui tient en haleine une grande frange de la population. Le prix administré de 16 000 DA le mètre carré ayant découragé plus d'un entrepreneur est l'autre raison n'ayant pas permis à cette importante dotation de voir le jour. L'épineux problème des 5846 logements sociaux achevés depuis des années, attendant en vain une utopique distribution, revient sur le tapis. L'ardoise inhérente aux frais de gardiennage estimée mensuellement à 7 millions de dinars a été soulevée, tout comme les dégâts occasionnés à ces logements inhabitables dans certains endroits, à cause de la main dévastatrice de l'homme et des conditions atmosphériques. L'affichage des listes des bénéficiaires qui a été suspendu depuis presque une année n'arrange ni les affaires de la trésorie de l'OPGI ni celles des citoyens concernés. Ceux-ci sont à l'affût de la moindre rumeur annonçant une prochaine « libération » de ces milliers de logements séquestrés pour on ne sait quelle raison. Le logement social participatif (LSP) a, lui aussi, souffert du désintéressement des responsables locaux qui n'ont rien fait pour atténuer la crise sachant que la wilaya a été, de tout temps, un vivier d'entrepreneurs et de bâtisseurs. Dès 1152 unités, octroyées aux Hauts-Plateaux en 2002, uniquement 140 sont achevés, 470 sont en cours de réalisation tandis que 542 autres n'ont pas été, trois ans après, entamées. La formule location-vente initiée pour les classes moyennes n'a, en matière de retard de réalisation et de livraison, pas fait mieux. Pis encore, les projets de 500 logements à Sétif et autant à El Eulma n'avancent pas au rythme souhaité. Le taux d'avancement des chantiers de la capitale des Hauts-Plateaux n'excède pas les 35 %. Celui de l'ex-Saint Arnaud, confié à une société chinoise, a atteint la barre des 65 %. Les 1190 logements du quota national des 65 000, devant être érigés dans 7 communes, sont toujours en stand-by. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la wilaya qui détient tous les records inhérents au retard dans la concrétisation des projets d'un tel secteur vital est confrontée au douloureux problème de l'habitat précaire. 5500 demeures menacent ruine. Le chef-lieu avec 1043 habitations et El Eulma avec 411 autres sont les plus touchés par ce problème qui prend des proportions de plus en plus alarmantes. Pour illustration, les citoyens de Harat Boussaha (El Eulma) et ceux de Bensakai (Sétif) vivotent dans des conditions inhumaines. Leurs cris de détresse lancés depuis des lustres n'ont pas obtenu le résultat escompté. « Nous cohabitons avec les rats qui partagent notre insupportable quotidien. Dans cette Harat qui risque de s'effondrer d'un jour à l'autre, le danger est permanent, accentuant notre désarroi qui n'offusque pas les responsables ne levant même pas le petit doigt pour venir à notre secours », nous confie non sans amertume Nacir d'El Eulma qui attend, à l'instar des concernés, la « libération » de la fameuse liste des logements ayant engendré des contestations et des centaines de recours. Toufik D. qui a changé six fois de résidence en huit ans ne voit pas le bout du tunnel : « Avec ces éternels déménagements, mes enfants qui ont changé à six reprises les lieux de scolarisation sont non seulement déboussolés mais dépaysés. Le nouveau wali qui a initié d'importants projets doit bousculer les chargés d'un tel dossier car les gens sont à bout de force... » Bref, la wilaya qui n'a réalisé en 30 ans que 13 000 logements mérite, eu égard à la forte demande et aux potentialités dont elle dispose, mieux que ces sinistres records...