Le symposium international d'El Oued s'est achevé hier sur un sentiment de satisfaction exprimé aussi bien par les organisateurs du MDI-Alger que par les participants, parmi lesquels on pouvait compter de nombreux ambassadeurs, des responsables d'organisations patronales, des chefs d'entreprises algériennes et de nombreux pays maghrébins et des universitaires de renom. Il faut dire que le thème de cette quatrième édition « Alliances stratégiques et création de valeur » a fortement intéressé les entreprises et les opérateurs concernés par les restructurations économiques tant il embraye parfaitement avec leurs préoccupations d'entrepreneurs en quêtede performance et d'adaptation à une économie sans frontière et en constant changement. Le carrefour des entrepreneurs maghrébins, qui s'est tenu en même temps que le symposium, a permis aux opérateurs concernés d'examiner ce qui pouvait déjà se faire en termes d'alliances stratégiques entre entreprises appartenant à une même communauté, en l'occurrence le Maghreb avec l'espoir de réussir là où les politiques ont à l'évidence échoué en densifiant les contacts entre les peuples au moyen des affaires et des alliances entrepreneuriales multiformes. Djilali Mehri, qui s'exprimait en tant que président d'honneur du symposium international d'El Oued mais également en tant qu'entrepreneur concerné au premier chef par les alliances stratégiques, a exhorté les chefs d'entreprises à effectuer, sans trop tarder, les changements managériaux qui s'imposent, car la mondialisation a déjà effectué des bouleversements qui risquent de laminer à court terme toutes les entreprises qui n'ont pas compris la nécessité du changement que des alliances construites sous diverses formes de partenariat peuvent favoriser. L'exemple de la Chine est pour lui édifiant et demande aux chefs d'entreprises maghrébins de s'en inspirer. L'exposé du président du Forum des chefs d'entreprise, Omar Ramdane, est encore plus édifiant. Il considère à juste titre que les alliances stratégiques constituent une préoccupation pour tous les acteurs économiques, car le monde aujourd'hui est fait d'interactions et d'interconnexions entre les entreprises et les économies contraintes de tisser des alliances pour se maintenir en activité dans un monde tourmenté par la concurrence. S'agissant des entreprises du Maghreb, il affirme que la construction d'alliances stratégiques constitue un instrument idéal de nature à faire évoluer rapidement et intensément la dynamique d'intégration tant souhaitée. Sa conviction est que les entreprises des pays concernés peuvent par la voie des alliances stratégiques peser réellement sur la démarche politique qui sous-tend le projet de l'Union maghrébine que les hommes politiques peinent à eux seulsà concrétiser. C'est pourquoi, il exhorte les entreprises à s'y engager résolument dans leur propre intérêt et celui de la construction maghrébine qui s'en trouverait renforcée. Pour le président duforum, l'acte de recherche d'alliances doit relever des actes courants de gestion, les managers ayant à l'esprit que c'est par la recherche perpétuelle de partenariat et d'alliance que l'entreprise a le plus de chance de renforcer sa capacité d'adaptation à une économie de plus en plus globalisée et en constant changement. Il soulève toutefois la question centrale de l'environnement encore défavorable qui entrave les actions que les entreprises algériennes tentent de mettre en œuvre pour se moderniser et être en mesure d'affronter ses concurrents. L'Etat a un important rôle à jouer et le président du forum exhorte les pouvoirs publics concernés à améliorer cet environnement en approfondissant les réformes, mais en s'assurant de leur bonne exécution sur le terrain miné comme chacun le sait par la bureaucratie et les préjugés tenaces hérités de l'ère de l'économie dirigée. Il est temps, dit-il, que l'Etat fasse les choix courageux qui feront avancer l'économie du pays et, partant, les relations d'affaires avec les pays voisins. C'est ainsi qu'on pourrait donner un contenu concret à l'Union maghrébine. Pour Hassan Abouyoub, ancien ministre marocain du Commerce extérieur, les pays du Maghreb étant enlisés dans d'inextricables obstacles liés à des velléités de préservation de rente, l'intensification des alliances interentreprises maghrébines a peu de chance de se produire en l'état actuel de l'organisation de l'Union du Maghreb. La situation ne peut être débloquée que dans le cadre d'une union plus large, à savoir dans la construction d'une communauté méditerranéenne comprenant les pays européens concernés, seuls à même d'imposer aux pays du Maghreb les réformes globales susceptibles de produire les ruptures systémiques indispensables. « Ce n'est que dans un espace méditerranéen que l'on pourra diluer les contraintes maghrébines, pacifier le débat, casser les tabous qui empêchent les alliances et rendre les relations entre nos gouvernants plus sereines, » a-t-il tenu à souligner. Parmi les conférences de bonne facture qui ont été données, on citera pêle-mêle celle du professeur Denis Dauchy de l'EDHEC Business School portant sur les contraintes négatives et positives aux alliances stratégiques, les cas d'école présentés par les hommes d'affaires Moncef Othmani, patron de Fruital, Coca-Cola Algérie et de Mavia, et Isaâad Rebrab à travers son expérience de partenariat dans la filière float glass en Algérie.