Monsieur le directeur d'El Watan Vous avez cru devoir présenter les excuses de votre journal pour la réponse que j'ai adressée la veille à Monsieur l'ambassadeur des Etats-Unis en Algérie. Vous affirmez que j'ai injustement diffamé des journalistes et des personnalités, en particulier Mme Rice. J'aurais attendu qu'on me réponde plutôt sur le fond de mon intervention. A savoir la liberté que prend un diplomate étranger à insulter avec mépris des journalistes algériens et la complaisance coupable de mon gouvernement vis-à-vis d'un pays étranger, les Etats-Unis, qui agresse, occupe et humilie chaque jour davantage un pays frère, l'Irak. Pas la moindre protestation. Pour le reste, j'affirme avec honneur assumer ma pleine et seule responsabilité de cet écrit dans lequel se reconnaîtront tous ceux qui se battent pour le respect de la dignité humaine. En écrivant que Mme Rice est descendante d'esclave, je n'ai fait qu'affirmer une vérité historique qui l'honore et la valorise auprès des peuples opprimés. Car nous sommes tous ici, comme Mme Rice, des descendants d'esclaves. Fils d'esclaves ou de colonisés, quelle différence ? Je voulais rappeler simplement à Mme Rice la souffrance historique dont nous sommes tous issus et qui devrait nous porter à mieux comprendre les souffrances humaines actuelles. C'est ma seule invite à Madame la secrétaire d'Etat américaine à laquelle j'exprime, pour sa seule personne, mon profond respect. Dois-je rappeler que c'est exactement pour les mêmes motifs, qu'en Afrique hier, en Irak aujourd'hui, que les Etats-Unis assassinent, pillent et avilissent des peuples entiers. Hier pour la prospérité du coton, aujourd'hui pour le pétrole d'Irak. C'est la même cupidité qui justifie les mêmes crimes. Jusqu'à quand ? C'est cette vérité sur les pillages et atrocités commis en Irak que la diplomatie américaine tente de cacher dans le monde entier, y compris en Algérie, en recourant à des méthodes dégradantes que toutes les rédactions connaissent. Les journalistes qui contribuent à occulter les comportements barbares de l'armée américaine ou à donner trop souvent la parole à ceux qui les justifient, ici comme ailleurs, sont, pour le moins, des idiots quelle que soit la contrepartie des services rendus. J'ai fait l'effort d'écrire « idiots », pas harkis. Ecrivant cela, je n'ai jamais pensé que tous les journalistes qui reçoivent des prix américains étaient des idiots. Je ne le pense pas. Au contraire, je pense connaître quelques journalistes, au nombre desquels vous comptez, qui ont reçu des distinctions américaines dûment méritées qu'ils doivent surtout à leur talent. A propos de l'usage du terme « chien », il s'applique toujours et partout à une personne qui obéit à son maître. Toute la presse britannique a qualifié Tony Blair de chien, de chiot ou de caniche (c'est selon) pour son obéissance aveugle à Bush sans que personne ne parle de diffamation. Pourquoi ne s'appliquerait-il pas aux traîtres irakiens et arabes en général qui sont aux ordres des Américains ? Vous connaissant, je reste surpris que votre combat connu et reconnu pour le respect des droits humains ne vous ait pas naturellement porté à soutenir pleinement mon humble contribution Salutations distinguées.