Annaba, Skikda, Guelma, El Tarf et Souk Ahras, cinq wilayas de l'est du pays qui sont confrontées au même problème : la précarité de l'emploi. Elle devrait s'accentuer avec la perte de presque 50% des postes de travail temporaires induite par la fermeture en 2004 pour faillite générée par la concurrence déloyale de 5 conserveries sur les 17 implantées dans ces régions. Globalement, ce sont quelque 50 000 postes de travail en majorité des saisonniers (précaires), qui sont appelés à disparaître durant la campagne tomate industrielle. Ce qui rend davantage dérisoire les chiffres avancés par le bilan établi par l'Agence nationale de l'emploi (ANEM). Depuis le début de l'année 2005 et jusqu'au 30 mars, cette agence a été destinataire de 14 731 demandeurs d'emploi dont 2552 femmes et 3458 jeunes en âge de travailler. Selon des sociologues en poste à l'Université Badji Mokhtar de Annaba, ce maigre résultat en matière de placement, est la rançon à payer au néolibéralisme qui, ces dernières années, déferle sur l'Algérie. Selon eux, ce néolibéralisme génère le chômage et le mal-vivre, répand la précarité et creuse les inégalités. Pour ces sociologues, la suppression du contrat de travail à durée indéterminée conjugue à l'exclusion professionnelle, la stigmatisation des différentes catégories de travailleurs et favorise simultanément le marché du travail au noir. C'est d'ailleurs ce que pourrait faire ressortir les bien maigres 586 postes de travail permanents et les 467 autres à durée déterminée que l'ANEM a réussi à décrocher pour 14731 demandeurs qu'elle a inscrits sur ses fichiers. Sur les 1053 postes de travail attribués, 172 sont issus du secteur privé national et 152 ont été offerts par les investisseurs étrangers. Quotidiennement, la chaîne des demandeurs n'en finit pas de s'allonger devant les bureaux ANEM des 5 wilayas. Ceux parmi les mères et pères de famille, les cadres et simples travailleurs à la recherche d'un emploi ont affirmé ne pas être assez crédules pour confondre les vessies de l'illusion avec les lanternes de la relance économique. Après les chômeurs réduits aux acquêts précaires de l'emploi c'est au tour des travailleurs d'être réduits aux apprêts des différentes lois et textes sur l'emploi. La preuve leur est fournie par les 213 postes de travail à durée déterminée créés à Annaba capitale de l'industrie sidérurgique et un peu plus à Skikda que l'on affirme être la capitale de la pétrochimie. C'est dire que l'annonce de la loi portant suppression du contrat à durée indéterminée (permanisation) prive les travailleurs d'un droit qui leur était acquis depuis l'indépendance au moment même où le tableau de l'emploi affiche une anémie. C'est ce que prouve d'ailleurs le tableau ANEM des propositions d'emplois où avec 1347 postes en majorité sur le plateforme pétrochimique de Skikda et 820 autres à Annaba ressemblent fort à une petite compensation des postes perdus. D'autant que plus de la moitié de ces propositions n'a pas été satisfaites pour cause d'incompatibilité des curriculums présentés par les candidats par rapport aux postes à occuper. Rappelons que la direction régionale ANEM de Annaba qui rayonne sur les 5 wilayas, avance que 5003 demandeurs d'emploi sont sans qualification, 2329 composent le personnel d'aide, 6081 sont plus ou moins qualifié, 510 de niveau moyen, 416 de niveau supérieur I et 382 autres de niveau supérieur II. "Pour qu'un emploi soit créé, un contrat de travail à durée déterminée ou indéterminée est nécessaire, c'est-à-dire qu'un employeur et un employé s'engagent au respect de leurs intérêts mutuels. Ce qui n'est pas le cas chez nous particulièrement ces dernières années. A tous les niveaux, y compris au niveau des entreprises publiques qui font appel à la sous-traitance, le travail au noir est à la mode. La suppression du contrat à durée indéterminée appelée à être appliquée incessamment va entraîner des abus du côté des employeurs. D'autres réformes devraient intervenir dans ce dossier", a estimé Mostefa N. enseignant à la faculté des sciences humaines de l'université Badji Mokhtar Annaba.