Dans l'écrin de son golfe que les Béjaouis comparent aux baies de Rio de Janeiro et de Naples, Béjaïa, saphir de la Méditerranée, étale ses pittoresques paysages à chaque été séducteur avec en toile de fond un décor de théâtre. La région a le charme des petites villes de pêcheurs italiennes. Les rues sont étroites et grimpantes. Pour les promeneurs, monter à Yemma Gouraya où se trouve un fort construit par les Espagnols est un moment de plaisir. Une route en zigzags conduit jusqu'au pied du sommet principal, le pic des Singes. Elle s'élève lentement à travers un bois de pins et d'oliviers. Un étroit tunnel creusé dans la roche débouche sur un site merveilleux de falaises et de mer face au cap, ancienne île qu'un étroit pédoncule relie à la terre : un sentier asphalté descend jusqu'aux flots puis gagne le phare et le sémaphore qui, dressés au sommet du cap, à 220 m, sont les plus élevés de la Méditerranée. Il y a aussi les Aiguades, petite baie tapissée de galets, lieu de pique-nique des jeunes de la région qui est située au bord de la mer en pleine nature. Le bruit d'une source permanente, l'air frais des montagnes et la tranquillité de l'endroit permettent un séjour mémorable. On y entend le bruit des feuilles d'arbres, brassées par le vent, les oiseaux qui chantent en duo avec les cigales : tout ça nous charme et fait voyager notre esprit. Les plages se succèdent (Tichy, Aokas, Melbou, Boulimat et Sigli). La saison estivale 2004 a connu une meilleure prise en charge aussi bien qualitativement que quantitativement comparativement aux éditions antérieures, principalement en 2001 et 2002 où les opérateurs tous secteurs confondus ont enregistré des manques à gagner considérables. La réussite de la saison estivale réside en premier lieu dans la satisfaction des estivants venus en grand nombre (6 428 440 baigneurs au niveau des 27 plages autorisées à la baignade), à différents niveaux, à savoir desserte des plages, nettoyage et propreté, qualité des prestations de services aussi bien au niveau des établissements hôteliers et de restauration qu'au niveau de l'accueil et de l'hospitalité de la population locale. Certaines plages ne sont pas entièrement aménagées pour manque de moyens financiers de certaines communes. Les établissements balnéaires ont généré 52 390 nuitées auxquelles il faut ajouter 39 campings familiaux qui ont reçu 26 292 campeurs. Pour la préparation de la saison estivale 2004, en plus des 27 plages autorisées, la commission de wilaya chargée de la préparation de la saison estivale a proposé l'ouverture de 2 nouvelles plages (Lota II à Souk El Tenine et Béni Ksila village) et la dotation des nouvelles en postes de secours et de surveillance de baignade. Les camps de toile étaient exploités illicitement jusqu'à la saison estivale 2003 où un arrêté de création à titre exceptionnel et dérogatoire a été signé par le wali sur proposition de la direction du tourisme et de l'artisanat et ce suite à l'engagement des APC concernées de transmettre les dossiers de création. Actuellement, une opération de régulation est menée par les services de la direction du tourisme. Pour assurer le transport et la desserte des plages, 6920 sièges sont mis à la disposition des estivants, dont 6120 sièges en direction de la côte est et 800 en direction de la côte ouest. Vague à l'âme En plus des lignes régulières qui restent opérationnelles, des autorisations seront accordées aux opérateurs des communes de l'intérieur pour assurer des dessertes durant les week-ends et jours fériés. Concernant le parc hôtelier, il existe 69 établissements dont 6 publics offrant une capacité de 3858 lits. Entre le 1er janvier et le 31 mai 2004, le parc hôtelier a enregistré 102 115 nuitées, dont 4142 étrangers réalisant un chiffre d'affaires de 156 571 460 DA. Par ailleurs, 14 agences de tourisme et de voyages sont agréées au niveau de la wilaya, dont Soummam Tour à l'arrêt dans l'attente de régularisation de sa situation administrative. Ifri Tour dont l'activité est en contradiction avec sa vocation touristique a été signalée aux services centraux du ministère du Tourisme. Béjaïa, en été, connaît une animation extraordinaire qui fait penser à un décuplement de la population. Les vacanciers choisissent Yemma Gouraya, sainte patronne de la ville, pour passer leur congé annuel, souvent en famille. D'autres profitent du week-end pour y venir entre copains faire trempette. Cette enclave paradisiaque semble bénie par « le créateur de toute chose ». Alignés à quelques mètres les uns des autres Capri-Tour, les Hammadites, l'hôtel club Alaoui et le Syphax accueillent des estivants des quatre coins de l'Algérie. Après des saisons plutôt moroses, les affaires reprennent. La petite Kabylie respire après avoir été asphyxiée par les soubresauts des étés de la contestation sociale qui l'ont rendue infréquentable. Aujourd'hui, la colère s'est apaisée et le tourisme sort doucement la tête de l'eau. Il fallait lancer toute une campagne de promotion pour que les craintes s'estompent. Les émigrés viennent passer quelques jours et assister à des mariages. Les bateaux d'Algérie-ferries en provenance de Marseille débarquent des centaines de passagers. Les travaux d'aménagement du front de mer ont été lancés. En attendant son achèvement, des pêcheurs viennent jeter à la volée leurs hameçons. « Le poisson se fait de plus en plus rare, mais on vient ici beaucoup plus pour tuer le temps que pour les grosses prises », affirme l'un d'eux. Un enfant habillé d'un tee-shirt de la JSK saute d'un rocher à un autre. L'été pour lui signifie « qu'il n'y a pas école ». Béjaïa a le vague à l'âme. Elle est aussi une ville de villages, chacun avec sa particularité. Certains sont de petits paradis cachés dans la colline face à la mer Méditerranée.