Marc Cote a récidivé. Avec son acolyte Hannachi Saïd de Média-Plus, il a encore pondu un ouvrage sur son pays d'adoption, l'Algérie, un pays qu'il connaît bien pour y avoir enseigné pendant 25 ans à l'université de Constantine. L'ouvrage en question a été édité une première fois par Masson en 1997 et repris par les éditions Média-Plus cette année, et où Marc Cote s'interroge sur ce qui a bien pu arriver à l'Algérie, un pays qui devait accompagner « les 4 dragons » sur le chemin du développement, mais qui a, contre toute attente, emprunté le labyrinthe du sous-développement perpétuel. A travers une analyse sociologique, géographique et politique, l'auteur tente de cerner les causes qui ont conduit l'Algérie à devenir l'un des plus mauvais élèves du FMI, avec comme hypothèse de base des projets de développement en totale inadéquation avec la réalité algérienne à laquelle les politiques ont tenté de « coller » des modèles de croissance qui ne vont pas de pair avec le binôme culture-savoir-faire local. Dans la première partie de son livre, Cote dresse les fondements du pays entre une appartenance maghrébo-musulmane, un passé tumultueux fait de colonialisme et de nationalisme et une dualité géographique composée d'un Nord populeux et révélateur de tous les drames de l'Algérie contemporaine, et un Sud calme et... riche, à la fois bénédiction et malédiction d'un pays s'accrochant à sa seule réelle ressource de devises : le pétrole. La seconde et troisième partie traiteront de l'Algérie des campagnes et des villes, une campagne qui était jadis source de richesse et qui, une fois changée de main, a engendré l'immense exode rural vers le Nord industriel. Ce même Nord, La Mecque des paysans, qui s'est transformé en cauchemar pour tous les Algériens et où les destins se font et se défont au gré des changements migratoires et urbanistiques, qui n'aboutissent qu'à une stérilisation des esprits, et enfin à l'émergence d'un fléau inconnu jusque-là au Maghreb : le terrorisme. La 4e partie, à fort relent d'économie, tentera de cerner les différentes approches de développement qu'a connues l'Algérie et où Marc Cote tente de « débusquer » le grain de sable qui a grippé tous les rouages d'une politique de croissance instaurée au début des années 1970 et qui promettait beaucoup. A travers les lignes de l'ouvrage L'Algérie, le lecteur pourra se faire une opinion sur le « couac » qui a transformé un pays riche en hommes et en ressources en une république où la confiscation des libertés sous toutes ses formes sera érigée en sport national, à travers les retards en politique hydraulique et le poids de la démographie, l'un des principaux freins au développement dès 1970. Et non content d'avoir « dualisé » l'Algérie géographiquement, Cote, et dans la dernière partie de son ouvrage, fait une autre dissection pour décrire « les grands ensembles régionaux », Alger et la Mitidja, l'Algérie centrale, l'Oranie, l'Est, et le Sahara, pour arriver à la conclusion que « l'Algérie a été marquée au fer rouge » par le colonialisme, source de plusieurs maux, de même qu'une rente pétrolière qui a donné au pays de « grands moyens mais en même temps s'est révélée bien mauvaise conseillère ». En attendant le nouveau guide de l'Algérie, qui sera signé par le même auteur et édité par Média-Plus, on peut se replonger dans notre passé tumultueux à travers les yeux d'un géographe qui nous a toujours révélé ce qui se trouvait sous nos regards, mais qu'on n'a jamais su regarder. Marc Cote : L'Algérie Editions Média-Plus 2005