La commune de Mizrana (près de Tigzirt) a vécu, hier matin, une scène de banditisme ordinaire. Trois individus cagoulés se sont attaqués au bureau de poste du village Azrou Bouar, situé à trois kilomètres au sud du chef-lieu de la commune. Fait nouveau dans ce genre d'actes devenus périodiques dans la région : les assaillants étaient munis d'armes blanches. Ils ont neutralisé le receveur et ont pu dérober la somme de 35 millions de centimes, a-t-on appris de diverses sources. Les malfaiteurs ont pris la fuite à bord d'une petite voiture aussi facilement qu'ils étaient arrivés. La commune de Mizrana (9000 habitants) compte, comme services de sécurité, uniquement une section de la garde communale dont le siège se trouve au chef-lieu. Il n'y a ni gendarmes ni policiers dans cette localité distante de 7 km de Tigzirt. L'utilisation de simples armes blanches dans l'opération d'hier matin montre que les auteurs du hold-up étaient certains de l'absence de réaction ou d'une quelconque riposte. Le port des cagoules indique, par ailleurs, que les assaillants se comptent plutôt parmi les nouvelles recrues du banditisme en forte expansion ces derniers mois dans la région. En état de choc, les responsables locaux de la poste étaient entendus hier à la brigade de gendarmerie de la daïra de Tigzirt, dont dépend la commune de Mizrana. Les personnels des bureaux de poste sont devenus les premières victimes des attaques à main armée qui surviennent à intervalle fixe dans la région. Sans défense et sans moyens de protection, sans même l'espoir de l'intervention des services de sécurité, les employés de ces bureaux, situés le plus souvent en zone rurale, subissent de profonds traumatismes face à ces nouveaux gangs prêts au pire pour s'emparer de quelques dizaines de millions de centimes. Ce sont en bout de chaîne les citoyens qui subissent les répercussions des attaques des établissements financiers. Le service est revu à la baisse et l'on impose des conditions drastiques pour avoir accès aux guichets. Ces derniers sont parfois carrément supprimés et les usagers se retrouvent contraints de suivre la file d'attente dans la rue, devant la fenêtre du bureau de poste où s'installe le seul employé chargé d'assurer le service. C'est le cas à Fréha où depuis le hold-up de l'année dernière, le bureau de poste fonctionne « porte close » et n'offre une ouverture qu'à travers la fenêtre. Le calvaire des citoyens attendant dehors, par tous les temps, a été maintes fois soulevé dans la presse. Les autorités avaient annoncé l'ouverture d'une sûreté urbaine, mais la population attend toujours.