Plusieurs chefs d'inculpation ont été retenus contre un des membres du groupe Jutop, propriétaire de l'hôtel Palace à Blida, Cherif Abderrezak. Il s'agit de « faux et usage de faux, utilisation de faux sur documents officiels, atteinte aux deniers publics, participation à la dilapidation des biens publics, saccage de terres agricoles ». Pour ce dernier point, 1500 pommiers ont été déracinés par un bulldozer sur une superficie de 3 ha, anciennement exploitation agricole individuelle à la sortie nord de la commune de Boufarik. Le mis en cause réussira en moins de deux mois - exactement 41 jours - à accomplir les formalités afin d'entamer dans les faits son projet de construction d'une unité de production d'eau naturelle et de laiterie sur une terre agricole. Pour ce faire, la décision d'exploitation lui a été délivrée par l'ex-wali de Blida à la mi-avril sur la base d'un faux étant donné que c'est la même référence que celle accordée à une unité de production d'huiles essentielles à Chiffa sur les 6000 m2 ayant appartenu à l'ex-Enafla. Avec la même référence, une autre personne dans un autre lieu, Boufarik, exploitera un autre produit sans qu'aucun responsable ne tire la sonnette d'alarme. Le projet figurait sur les papiers comme une simple extension des 95 ares existants pour la production de jus Jutop. Il s'agissait en réalité de 3 ha acquis, et pour une autre exploitation. L'exploitation agricole individuelle Iboud Mohamed n°16 aurait dû garder sa vocation du moment que n'existaient ni constat d'abandon ni rapport négatif. La transaction entre l'ancien propriétaire, Hamaza Tayeb, et le nouveau propriétaire a eu lieu le 31 mars par acte par-devant notaire pour 6,5 millions de dinars. L'acte de propriété a été établi le 7 avril 2003. Après la destruction des 1500 arbres, un dossier pour la construction fut présenté à la Duch (urbanisme) avec une lettre de l'ex-wali datée du 12 avril ordonnant à cette direction la délivrance d'une autorisation de construction. Celle-ci recevra le 19 avril les avis favorables de la Direction de la santé et de de la protection civile. Le Calpi avait reçu, le 12 avril, un dossier pour les facilités à accorder en matière de production dans l'agroalimentaire. Le 28 avril sera émise une demande à l'APC de Boufarik pour autoriser la construction. Une réponse est rendue le même jour avec observation de demander avis à la Direction de l'agriculture. Le permis de construire obtenu de la Duch datait du 19 avril, l'acte de propriété a été enregistré aux Domaines le 7 mai et publié le 10. Le lendemain était délivrée l'autorisation de construire par l'APC de Boufarik sur la base des avis de la Duch, de la Dsp et de la Protection civile, soit 41 jours de démarche pour transformer 3 ha de terre agricole en unité industrielle. Le paradoxe demeure l'inanition de la Chambre d'agriculture et celle de l'Union des paysans algériens (Unpa) qui avait soutenu l'ex-wali afin qu'il demeure à la tête de la wilaya. Aujourd'hui, la première affaire de détournement de foncier agricole de sa vocation initiale est traitée à Blida et l'enquête suit son cours au niveau de la gendarmerie nationale pour Blida, Tipasa et 19 communes de la wilaya d'Alger dépendant de la cour de Blida. S'y ajoute un autre gros pavé : le domaine de Bouchaoui. Ce jeudi étaient entendus nombre de directeurs de wilaya et même l'inspecteur régional du travail, mais seul Cherif Abderrezak a été mis sous mandat de dépôt et le Directeur de l'urbanisme, de la construction et de l'habitat (Duch) sera mis, quant à lui, sous contrôle judiciaire.